À ciel ouvert 13 — Automne 2024 / Hiver 2025

Errements

Hélène Ouedraogo (Saskatchewan)

Aurore, ma grand-mère - Nicole Dextras

Aurore, ma grand-mère - Nicole Dextras

Lettres en glace, 2008

J’appelle à la vie

J’appelle à l’espoir

Je me confie dans l’espérance.

Où est passée l’humanité pendant que mon peuple se meurt?

Où sont les elfes, les ancêtres, les fées et le grand chaman?

Le bison des plaines et l’éléphant d’Afrique ne sont-ils pas des cousins?

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en peine.

 

Oui, il est en peine de la souffrance de mon peuple

Oui, il est en peine de la souffrance de ton peuple

Je prendrai à témoin les mânes ancestraux

Je prendrai à témoin, le Grand Manitou

Je visiterai les traités et les accords

L’histoire est victime de violences.

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en berne.

 

Nous sommes frères, mon frère

Nous sommes sœurs, ma sœur.

Abreuvé d’une source une, enfants d’une même mère

 L’âme est en peine.

L’autochtone et l’indigène ont le même soleil.

Pas celui des indépendances, car Wendé n’est pas obligé.

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en peine.

 

À petit feu le peuple refroidi voit son corps raidir.

Le Calumet s’est éteint, le chalumeau aussi

La forge a perdu ses rougeurs

L’enfant manque de pain, et la patrie d’eau.

La maladie ravage, le monde s’effondre

La terre est muette, plus de bise du matin.

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en berne.

 

Les aïeuls tourmentés, lancent des ouihhhhh.

Plus de paix dans l’au-delà, les étoiles se terrent dans le couvercle noir.

Sortez justiciers, réveille-toi crucifié

Hommes des tipis, hommes des cases, silence et force sont ta détresse

Ce silence gris déchiqueté par l’oppression,

Dégage l’odeur nauséabonde de la douleur

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en peine.

 

J’entends des cris se noyer dans les dunes

J’entends des cris flottant dans le silence bleu

J’entends la vie s’envoler dans les tréfonds des ondes pures

J’entends encore le silence des petites chaussures dans le grand blanc

Les soupirs migratoires de mon cœur sans cesse halètent

L’amélanche éclot bruissant d’amertume.

 

 

 

 

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en berne.

 

Personne ne fait le bien, pas même un seul

Il ne s’est trouvé ni héros, ni un Riel,

Il ne s’est trouvé ni Sankara, ni Yennega

Il ne s’est même pas trouvé

Une dent de Lumumba

Réveille-toi, mon frère, relève la tête.

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en peine.

 

Le dénouement vient et l’espérance aussi

Malheureux, douloureux, battus de la tempête et du verglas,

 Ne promène pas des regards inquiets

La renaissance se trouve dans les plaines,

La renaissance se trouve dans le désert, le sable terre du désert

Demain est un autre jour.

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en berne.

 

 

Nous les retrouverons, nous les rassemblerons

Tous ces perdus de la forêt, du désert et de la méditerranée

Et la voix multicolore et gaie de tes enfants retentira dans la forêt au milieu de la forêt de pins et de sapins.

Les enfants de ma mère seront vomis du grand abime bleu

Les enfants de mon père resteront dans la case jaunie de fumée

Le battement du bendré vibrera dans nos cœurs

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en peine.

 

Les cris de tous ces serpents qui angoissent sifflent,

ton peuple est mon peuple, ton Dieu est mon Dieu.

La douleur est commune

Où achèterons-nous la paix?

L’ennemi fait rage, son glaive est aiguisé.

Pleure mon sort, pour toi je dirai des complaintes

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en berne.

Nous réunirons nos enfants, nous chanterons la paix, nous rachèterons un peu de liberté

Et ils y reposeront leurs âmes

Et leurs âmes aux tourments indicibles trouveront peut-être le repos.

Le lit inconnu des glaïeuls et les draps rougis par les coquelicots sont prêts.

Il est temps de danser la danse de l’amertume

Prenons des forces, je tiens notre plume.

Car boréale est l’aurore du crépuscule.

 

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en peine.

 

le crépuscule de la douleur un jour naitra

À chaque printemps nous fumerons le calumet

À l’ombre du grand baobab, nos sens de sauge apaisée

Demain naitra dans nos cœurs le soleil de l’espoir et de la gloire

Lorsqu’à l’aube le cocorico du coq tu entendras,

Souviens-toi de mon merci;

Je déposerai mon bark zamen devant ta porte.

 

C’est pourquoi dès l’aube

J’irai par les monts, j’irai par les plaines,

Au travers de la savane ensablée, je passerai

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera

Mon peuple souffre et mon âme est en peine.

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RÉNOC 2024-25
RAFA-ACO-10-2023
125 ans de francophonie au Yukon

Créations

Poème nocture Poème nocture

Au moment de vivre une nouvelle période du soleil de minuit au Yukon, il y a la beauté, mais aussi l’angoisse de cet éveil qui ne veut pas s’endormir.

Le voyage Le voyage

Ce poème explore le parcours intérieur d'un jeune homme partant d'un petit village agricole vers une quête de soi. À travers les métaphores de la navigation en mer, le poème illustre les défis et les révélations auxquels il est confronté. 

Errements Errements

J’atteindrai Qu’Appelle Valley, et ma voix éteinte soufflera  / Mon peuple souffre et mon âme est en berne.
Nous les retrouverons, nous les rassemblerons / Tous ces perdus de la forêt, du désert et de la méditerranée. 

 

Le Fatboy de Dairi-Wip Le Fatboy de Dairi-Wip

Après avoir fait ses études dans une université prestigieuse de l'Est, la narratrice revient chez elle, à Saint-Boniface, et pose un regard nouveau sur sa culture franco-manitobaine. Elle se rend compte de tout ce qui lui a manqué même si elle ne voyait pas la chance qu'elle avait à 18 ans.

L’éveil d’une pécheresse  en bonne et due forme L’éveil d’une pécheresse en bonne et due forme

Ce récit témoigne de l'influence de la religion sur une période de vie précise. Il raconte la lourdeur et l'inconfort et comment les jeux des enfants offrent souvent une porte de sortie devenant une issue de secours. 

Grande tante Lucie Grande tante Lucie

Morcelée par le passage des années, l'ardeur renaît chez Grande Tante Lucie alors qu'elle prodigue des soins aux pensionnaires du Centre de l'Éveil. Passionnée de médecine et de couture, elle tissera la courte-pointe de ses talents en passant d'une aiguille à l'autre.

Ébréchée (extrait) Ébréchée (extrait)

Pièce en chantier se déroulant principalement aux Territoires du Nord-Ouest. Les temporalités confondues illuminent les liens entre l'obsession du trouble obsessif compulsif, la charge mentale, et la nature comme agent de libération. 

Réparer le monde Réparer le monde

Dans un petit village isolé de la côte Nord-Ouest du Pacifique, une femme mûre venue de très loin transmet le récit de son peuple qui lutte avec courage contre la tyrannie de ses dirigeants. 

« Allez, enseignez toutes les nations » « Allez, enseignez toutes les nations »

Si les faits historiques de ce monologue sont réels, la narratrice est fictive. Religieuse centenaire, elle fait un retour sur son rôle au sein des écoles résidentielles pour autochtones. 

La ferme La ferme

Premier prix dans la catégorie prose du CCLONC 2024

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Les artisans de ce numéro

Coordination de la publication :
Jeffrey Klassen

Comité de rédaction :

  • Marie-Diane Clarke
  • Tania Duclos
  • Mychèle Fortin
  • Lyne Gareau
  • Jeffrey Klassen
  • Jean-Pierre Picard

Auteur·e·s :

  • Serge Ben Nathan (C.-B.)
  • Joëlle Boily (C.-B.)
  • Marie Carrière (AB)
  • Louise Dandeneau (MB)
  • Mélanie Fossourier (C.-B.)
  • ioleda (YK)
  • Amélie Kenny Robichaud (YK)
  • J. R. Léveillé (MB)
  • Gaël Marchand (YK)
  • Zoong Nguyên (AB)
  • Seream (MB)
  • Michèle Smolkin (C.-B.)

 

Artiste invitée :
Virginie Hamel
virginiehamel.com

Mise en page et mise en ligne :
Jean-Pierre Picard

Merci à l’Association des auteur·e·s du Manitoba français qui a piloté l’organisation du Concours de création littéraire de l’Ouest et du Nord canadiens (CCLONC).

La revue À ciel ouvert est publiée et diffusée par :

Coopérative des publications fransaskoises

en partenariat avec

Collectif d'études partenariats de la FransaskoisieRegroupement des écrivains·e·s du Nord et de l'Ouest canadiens


Merci à nos commanditaires:

    Conseil culturel fransaskois   Saskculture Fondation fransaskoiseGouvernement du Canada