Éditorial : La communauté littéraire et artistique à l’ouest de l’Ontario : une mosaïque en marche !
En mars 2021, deux rencontres et événements culturels en ligne nous ont livré, par ces temps covidiens, une esquisse de ce qu’était le nouveau paysage littéraire à l’ouest de l’Ontario. Ce furent d’abord les discussions préliminaires autour de la création d’une association des auteurs et auteures de l’Ouest et du Nord pilotées par le Conseil culturel fransaskois ; ensuite la conférence « Créations et fictions dans les Prairies » organisée par le tout nouveau Collectif d’études partenariales de la Fransaskoisie (CEPF), basé à l’Université de la Saskatchewan.
L’organisation de trois tables rondes autour des thématiques de la réconciliation dans le paysage créatif des communautés francophones de l’Ouest, la dynamique de la création dans cet espace, ainsi que la vitalité créative et collaborative des francophones de l’Ouest et de l’Est fut incontestablement le point d’orgue de cette grand-messe littéraire et artistique dont nous nous faisons l’écho avec ce numéro spécial d’À ciel ouvert.
Aujourd’hui plus que jamais, la communauté littéraire et artistique à l’ouest de l’Ontario apparaît à bien des égards comme une surprenante mosaïque. D’abord par son ampleur : plusieurs centaines de participants et participantes et plusieurs dizaines d’auteurs et auteures (qui ne représentent qu’une fraction de l’ensemble) dont l’écriture se décline dans tous les genres ont lu, écouté et exprimé leurs opinions lors de lectures, discussions et tables rondes fort enrichissantes.
Qui sont-ils au juste ? Il est difficile de les définir autrement que par leur appartenance et leur attachement à « l’Ouest et au Nord ». Aux Métis francophones se sont greffées plusieurs vagues d’immigrants et d’immigrantes d’origine européenne, québécoise, africaine, et de descendants de colons. Elles se sont succédé et continuent de le faire; nous en faisons tous et toutes partie. Chacune d’elle a enfanté ses récits, ses histoires et fait connaître ses traditions littéraires et même artistiques aux autres. Ainsi, on ne s’étonne plus d’entendre un conte d’inspiration africaine écrit à Whitehorse ou un haïku des Prairies.
Il est impossible de dresser une liste non exhaustive de ces nouveaux genres et de leurs origines. Assiste-t-on à la naissance d’une foison de microcultures et de microlittératures d’immigration ? Si tel est le cas, les spécialistes en sciences du langage se régaleront assurément de l’étoffement et de l’enrichissement de ce marché linguistique. De ce contact des langues pourraient inévitablement naître des parlers hybrides, des variétés créolisées ou semi-créolisées, de nouvelles créations lexicales, des néologismes, ainsi que des formes littéraires et artistiques originales. Vous en obtiendrez un aperçu grâce aux textes inédits que nous vous présentons dans ce numéro.