Horizons

Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

Hubert T. Lacroix : le loup corporatif dans la bergerie radio-canadienne?

Hubert T. Lacroix
Saviez-vous que l’avocat Hubert T. Lacroix, avant d’être nommé à la tête de la SRC/CBC en 2007, a enseigné le droit des valeurs mobilières, des fusions et des acquisitions d’entreprises à la faculté de droit de l’Université de Montréal pendant cinq ans? Fusions et acquisitions d’entreprises... Ça ne vous rappelle pas quelques films où on voit des entreprises se faire décimer dans la jungle de Wall Street au nom de la rentabilité?

Vous souvenez-vous de Télémédia? Dans les années ‘80, c’était le plus gros éditeur de magazines et le propriétaire du plus important réseau de radios privées au Québec. En 2000, les publications de cet empire médiatique étaient vendues à Groupe Transcontinental. Quant à ses stations de radio et de télévision, elles ont été vendues, en 2001, à Standard Broadcasting et Astral Média.

Devinez qui était président exécutif du conseil de la Société Télémédia pendant la chute de ce géant des médias. Et oui, Hubert T. Lacroix a occupé cette fonction de 2000 à 2005. Ensuite Télémédia devient Telemedia Ventures en 2006, une entreprise d’investissements qui aura eu monsieur Lacroix comme consultant pendant sa période de création. 


Un président de SRC /CBC qui ne croit pas au pouvoir de la presse

 

Lors de l’émission Pas de midi sans info du 12 mai dernier1, en réponse à une question sur la discrétion de ses démarches pour assurer un financement adéquat à la SRC/CBC, monsieur Lacroix a déclaré : « Je ne crois pas à une bataille sur la première page du journal avec les personnes qui sont en poste à Ottawa et qui ont un ascendant sur le radiodiffuseur publique. »


Monsieur Lacroix ne croirait donc pas au pouvoir de la presse de faire changer les choses? Assez paradoxal pour le plus gros employeur de journalistes au pays. On approuverait sa stratégie de ne pas vouloir froisser les décideurs d’Ottawa, si celle-ci donnait des résultats. Après l’abolition de 1 400 postes en deux rondes de coupures,  n’y aurait-il pas lieu de revoir cette approche? À moins que monsieur Lacroix ne tienne pas à sauver Radio-Canada.


Avec son bilan, monsieur Lacroix est-il la personne désignée pour assurer la vitalité de la SRC/CBC? Il ne fait aucun doute qu’il est un gestionnaire hors pair, mais a-t-il vraiment envie de se battre non seulement pour préserver notre diffuseur public, mais encore pour assurer sa vitalité? La question se pose et la poser c'est y répondre.


1 Émission que les auditeurs de la Saskatchewan n’ont pu entendre dans son intégralité suite à une décision de la direction de la station de la SRC-Saskatchewan qui a préféré respecter la programmation régulière.

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