Horizons

Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

Mychèle Fortin
/ Catégories: Arts et culture, Littérature

Une présence francophone discrète à la librairie McNally Robinson

McNally-Extérieur
La librairie McNally Robinson à Saskatoon
Crédit : Compte Facebook de la librairie McNally Robinson

Véritable institution dans l’Ouest canadien, McNally Robinson est la plus grande librairie indépendante au Canada, disposant de deux établissements à Winnipeg et d’un autre à Saskatoon. Pourtant, dans la librairie de la ville des ponts, les auteurs francophones sont absents des étagères.

Mychèle Fortin – IJL - Réseau.Presse

L’artiste visuelle fransaskoise Éveline Boudreau se dit séduite par la libraire McNally Robinson de Saskatoon. L'endroit lui est agréable, le personnel courtois. Il y a les livres bien sûr, mais aussi des disques et disques compacts, une boutique cadeau et un petit restaurant. « Quel beau et bon lieu !, s’exclame-t-elle. Quand on passe dans ce coin de la ville, il faut s'y arrêter, par plaisir. On y découvre toujours des choses intéressantes. »

Depuis son ouverture en 1998, la librairie McNally Robinson de Saskatoon abrite une petite sélection de livres, revues et journaux en français. « Avec le temps, on a fait plus de place aux livres pour enfants » [propos traduits de l’anglais], explique Helen MacPherson, gérante de l’établissement. 

« En ce moment, nos principaux clients sont des professeurs d'école d'immersion pour lesquels nous commandons des titres. Nous nous efforçons d'avoir une sélection de différents niveaux de lecture pour que les parents puissent en acheter », poursuit la responsable.

Une offre restreinte

Sébastien Rock
Sébastien Rock lors du lancement de son recueil Le champ de lin - Haïkus des Prairies en avril 2019 à la librairie McNally Robinson de Saskatoon
Photo : Archives de l'Eau vive

Une présence francophone donc, mais extrêmement discrète, découverte par hasard pour l’auteur fransaskois Sébastien Rock. « J'ai su qu'il y avait des livres francophones en y allant », témoigne-t-il. Même constat pour Éveline Boudreau : « C'est par hasard que j'y ai découvert des revues en français et j'en ai été très heureuse. »

Malgré le bonheur de pouvoir acheter Le Monde diplomatique, le Courrier international ou un livre de Michel Tremblay, l'enthousiasme retombe assez vite. « La sélection n'est pas très grande. » « Le choix est très limité. » Tels sont les commentaires rapportés par le sociologue Wilfrid Denis, l’écrivain David Baudemont ou encore la comptable Monique Potié, qui fréquentent tous la librairie.

Les auteurs fransaskois tels que Madeleine Blais-Dahlem, Martine Noël-Maw, Laurier Gareau, David Baudemont, ou encore Sébastien Rock sont absents des étagères, y compris dans la section réservée aux auteurs locaux à l’entrée de la librairie. Ces derniers sont tout autant introuvables dans la section Prairie Writers du site web de la librairie, site où rien n'indique que l’établissement possède des publications en français.

Une absence d'autant plus étonnante qu'au cours des années de nombreux événements littéraires francophones se sont déroulés au sein de la librairie. C’est là que le premier roman jeunesse de David Baudemont, Les beaux jours, a été lancé en 2003. Même chose pour la revue À ciel ouvert en 2017 et le recueil de poésie Le champ de lin – Haïkus des Prairies de Sébastien Rock en 2019. Une soirée de lecture d'extraits des trois romans en lice pour le Prix du livre français aux Saskatchewan Book Awards s’y est même tenue en 2017.

Des manques à combler

Lecture
De gauche à droite : David Baudemont, Madeleine Blais-Dahlem et Laurier Gareau à la librairie McNally Robinson de Saskatoon lors d'une soirée de lecture de leurs œuvres en avril 2017.
Photo : Archives de l'Eau vive

Si l'espace et le soutien promotionnel et technique sont gratuits et de grande qualité, les quelques ouvrages vendus ne sont pas remplacés par d'autres exemplaires. « Une fois que leurs deux copies ont été vendues, ils n'ont pas renouvelé [leurs stocks], déplore l’écrivaine Madeleine Blais-Dahlem. Je ne sais pas si c'est la faute de l'éditeur ou de la librairie. »

Laurier Gareau, président des Éditions de la nouvelle plume, apporte son éclairage sur la question : « C'est quelque chose qui a été négligé par le passé parce qu'on ne pouvait compter que sur des bénévoles », reconnaît-il. 

Ce dernier espère être en mesure d'embaucher sous peu une personne responsable de la mise en marché et qui aurait pour mission de conclure des ententes de distribution avec des librairies, dont McNally Robinson. 

Helen MacPherson
Helen Mac Pherson, gérante de la librairie McNally Robinson de Saskatoon depuis 2010
Photo : Jean-Pierre Picard

De son côté, Helen MacPherson, la gérante de la librairie, reconnaît qu'il y a des lacunes et aimerait y remédier : « Je me suis demandé comment faire la promotion et augmenter notre sélection de livres français. » 

La responsable souligne aussi l'absence d’employés bilingues, à une exception près, indiquant que le bilinguisme est un atout qu'elle recherche dans les profils des candidats qu'elle reçoit. La possibilité d'une section française sur le site est aussi évoquée.

Pour toute question ou suggestion, Helen MacPherson invite les auteurs et éditeurs à communiquer avec elle à helenm@saskatoon.mcnallyrobinson.ca

 

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