À ciel ouvert 12 — Printemps / Été 2024

Marie Carrière

Lettres du chemin (extrait)

Marie Carrière (Alberta)

A pour Atome
(depuis Orisson) 

C’est quoi cette femme qui marche dans l’anthropocène :
son corps propulsé par la charge négative 
conférée aux atomes qui la composent
et toute matière qu’elle incarne, qui la précède 
et lui succède : les pierres sous ses pieds meurtris, 
l’eau des fontaines du chemin parcouru par Roland, 
l’air qu’elle respire au rythme de son cœur fléchi. 

Sa vie en filigrane est soudée dans la minceur 
d’une journée, d’une heure, d’une seconde 
éclairées, seul le trajet devant elle existe, la piste 
foulée, gagnante d’électrons partout et nulle part
comme sa présence excessive et surannée, 
dans la brume d’une haute randonnée. 

C’est Pyrène, peut-être ? Enfouie dans son torrent 
de montagnes, les massifs calcaires et les crêtes 
comme l’excroissance de son désir d’avancer 
dans cet environnement riche en lumière, propice
pour la mémoire décalée, la réflexion, le radical libre.


B pour Biome
(depuis Trabadelo)
 
L’effigie minuscule du plastique 
envoûte notre biomasse, 
fait contraste avec la beauté 
du monde, des montagnes léonaises 
géantes au-dessus des nuages, biomes 
qui abritent l’émerveillement sans nous. 

Ces particules invisibles qui nous habitent 
dans notre microscopique quotidien
sont expansives et nous tuent
sans faire de bruit, car nous sommes en trop, 
adaptés à nos conditions spécifiques 
sur la scène de nos corps submergés.

Je marche dans l’anthropocène, 
éthylène, propylène et superflue, 
à la base de ce paysage accidenté, 
trop millénaire et trop physique pour se dire
métaphysique, malgré tout ce bleu
et les pas de tous ces pèlerins circonscrits.
Des empreintes trop humaines
se gravent dans le sol rocailleux,
des effluves telluriques au détour 
d’un chemin balisé qui avance, 
comme si ma vie était longue, malléable,
le temps linéaire et anthropologique.


H pour Homéostasie
(depuis Palas de Rei)

Mon Compostelle tisse ses mots,
depuis les profondeurs
nébuleuses de ma complicité profane
avec l’omniprésence des reliques
du patrimoine de la cité ciblée.

Je marche dans l’impureté du projet
poétique, son ouverture incertaine,
son langage d’une route étendue,
ses espaces inédits pour dire
les jonctions et les écartements du chemin.

La temporalité suspendue d’une autre vie,
une autre vie, est hydrolysée dans un champ
de liberté audacieux, sur la terre
hyperthermique, son homéostasie
accablée par les perturbations de mes pas.


Avec la collaboration d’Evan Taylor-Fontaine

Marie Carrière

Marie Carrière

Native d’Ottawa, Marie est professeure de littérature à l’Université de l’Alberta. Médée, protéiforme (Presses de l’Université d’Ottawa) compte parmi les études littéraires qu’elle a fait paraître. Un recueil de poésie, N’être dans le temps, est paru dans l’ouvrage collectif, À cœur ouvert : Quatre voix au féminin de l’Ouest canadien, aux Éditions de la nouvelle plume en 2024. Ses écrits tant poétiques que scientifiques s’intéressent à l’intersubjectivité, l’éthique et l’écologie.

Le chemin

Le chemin

Virginie Hamel (2024)

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Cabaret littéraire 6 octobre 2024
Lancement de Le musée des objets perdus
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Séduction à Vancouver

Créations

La Factory La Factory

Autofiction. Trois Franco-Manitobains visitent la Factory d'Andy Warhol à New York en 1973.

Chouette Chouette

Une jeune femme tente de se situer dans son environnement. La géographie de son histoire la pousse à explorer les confins de son humanité. Sur la carte de son existence, elle découvrira une bestialité insoupçonnée et libératrice. 

La géographie des chances La géographie des chances

Un poème sur l'opposition ancestrale du nomade et du sédentaire. Nomadisme et sédentarité du corps et de l'esprit. Passion et symbolique de la carte, ses diverses sémantiques, puis son anagramme, liée au mouvement. Recherche des racines de l'auteur, regard sur ses nombreux voyages, dont celui de l'écriture. 
 

Le sanctuaire Le sanctuaire

A la pointe extrême du continent, au bord du Pacifique, dans un écrin de verdure, se cache un petit village dénommé Klahamin (le sanctuaire). Malgré son nom rassurant, et son décor ensorcelant, c'est le lieu de plusieurs catastrophes. Depuis l'époque de la ruée vers l'or, jusqu'à nos jours, en passant par le règne du Flower Power, ses habitants successifs n'ont pas eu de chance. La narratrice et son amoureux non plus. 

je me cache je me cache

Un poème écrit pendant la pandémie, pendant une période où des pensées sombres m'envahissaient, où je cherchais ma place. Texte encore pertinent aujourd'hui.
 

Géographie personnelle Géographie personnelle

Ce texte rend hommage à mon pays d’accueil pour tout ce qu’il m’a donné depuis mon arrivée. Les cartes aériennes sont devenues ma passion, puis les cartes de toute nature. 
 

Le peuple du train Le peuple du train

Récit d’un voyage en train à travers le Canada où les rencontres avec les passagers, le défilement des paysages et les arrêts en gare se fondent en un voyage intemporel.
 

D’une toundra à une autre D’une toundra à une autre

Ce texte évoque les défis qui nous habitent lorsque l'on vit dans les zones reculées et souvent inhospitalières du Nord. Sans la connexion à la nature, l'importance de la communauté et la confrontation avec soi-même, il serait difficile d'y vivre et d'y prospérer.  J'ai tenté de capturer la dualité de ces lieux extrêmes, où la beauté et la fragilité se mêlent dans un équilibre délicat.

L’endroit idéal pour grandir L’endroit idéal pour grandir

Un beau souvenir de la tendre enfance que j’ai vécue au Viêt Nam entourée de mes quatre grands-parents paternels et maternels. 

Lettres du chemin (extrait) Lettres du chemin (extrait)

Lettres du chemin s’alimente de deux éléments : la réalisation d’un pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, via le Camino Francés, et un abécédaire de termes scientifiques et leurs définitions préparé par Evan Taylor-Fontaine. Les poèmes de Marie Carrière, parcourent des soucis écologiques aux confluents de l’expérience du tourisme, de la consommation, de la laïcité, du temps et du langage scientifique en poésie. 

Micronouvelles Micronouvelles

Pour rendre hommage à notre ami et collègue Ian, décédé le 1er février 2024, nous vous offrons ces micronouvelles provenant de son livre Contes bleus à encre économe publié aux Éditions de la nouvelle plume

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À ciel ouvert numéro 12

Téléchargez gratuitement la version PDF du numéro 12 d'À ciel ouvert.

Bonne lecture!


 

Les artisans de ce numéro

Coordination de la publication :
Jeffrey Klassen

Comité de rédaction :

  • Marie-Diane Clarke
  • Tania Duclos
  • Mychèle Fortin
  • Lyne Gareau
  • Jeffrey Klassen
  • Jean-Pierre Picard

Auteur·e·s :

  • Serge Ben Nathan (C.-B.)
  • Joëlle Boily (C.-B.)
  • Marie Carrière (AB)
  • Louise Dandeneau (MB)
  • Mélanie Fossourier (C.-B.)
  • ioleda (YK)
  • Amélie Kenny Robichaud (YK)
  • J. R. Léveillé (MB)
  • Gaël Marchand (YK)
  • Zoong Nguyên (AB)
  • Seream (MB)
  • Michèle Smolkin (C.-B.)

 

Artiste invitée :
Virginie Hamel
virginiehamel.com

Mise en page et mise en ligne :
Jean-Pierre Picard

Merci à l’Association des auteur·e·s du Manitoba français qui a piloté l’organisation du Concours de création littéraire de l’Ouest et du Nord canadiens (CCLONC).

La revue À ciel ouvert est publiée et diffusée par :

Coopérative des publications fransaskoises

en partenariat avec

Collectif d'études partenariats de la FransaskoisieRegroupement des écrivains·e·s du Nord et de l'Ouest canadiens


Merci à nos commanditaires:

    Conseil culturel fransaskois   Saskculture Fondation fransaskoiseGouvernement du Canada