La fransaskoisie rend hommage à Mychèle Fortin
La Fransaskoise d’adoption Mychèle Fortin est décédée chez elle, à Outlook, le 10 octobre entourée de son fils Max-Alexis Fortin-Landry, de son conjoint Jean-Pierre Picard ainsi que de sa soeur Sylvie et son frère Gérald venus du Québec. Chroniqueuse, auteure, éditrice, chanteuse... Plusieurs personnalités rendent hommage à cette femme talentueuse qui a joué un grand rôle dans la communauté.
Mychèle Fortin était très impliquée avec le journal l’Eau vive, les Éditions de la nouvelle plume (ÉNP). La revue À ciel ouvert et le Cercle des écrivains de Saskatoon.
Ses amis et collègues gardent le souvenir d’une femme aventurière qui a vécu avec courage en plus d’avoir une joie de vivre contagieuse.
Une grande voyageuse
La revue À cœur ouvert : Quatre voix au féminin de l’Ouest canadien, publiée aux ÉNP, comprend les récits Souvenirs des Amériques de Mychèle Fortin.
David Baudemont, auteur fransaskois, a eu le privilège de découvrir ces récits de voyage dans le contexte du Cercle des écrivains.
« Tout de suite, on a vu le talent de Mychèle à produire des textes limpides et cohérents d’une description à l’autre. Elle avait une perspective unique et un talent fabuleux. »
L’écrivain se souvient en riant : « Mychèle nous disait toujours au cercle ‘Ah, mais c’est vous les écrivains !’, mais en fait c’était la meilleure d’entre nous. »
Roger Gauthier, un ami, admire l’aspect humain de ses récits de voyages : « Mychèle était une excellente conteuse. Ses histoires de voyage en Amérique du Sud sont fascinantes. C’est une femme qui a osé vivre avec courage. »
Martine Noël-Maw, directrice des ÉNP lors de la publication d’À cœur ouvert, se déclare « heureuse que Mychèle ait pu voir ses écrits publiés dans un livre ».
« Pour moi, Mychèle était une artiste bohème, mais très ancrée dans la réalité géopolitique, comme en fait foi sa chronique Coup d’œil sur le monde que les lecteurs de L’Eau vive connaissent. »
À travers les retraites d’écriture et leurs collaborations sur l’édition des romans de Martine Noël-Maw Regarde derrière toi ! et Le secret de Luca, les deux femmes de lettres ont développé une grande amitié.
« La dernière fois qu’on s’est parlé, en septembre, elle me disait qu’elle venait de réaliser qu’elle ne voyagerait plus jamais. Faire son deuil de découvrir de nouveaux espaces lui a donné un coup, mais elle était sereine. Comme elle me l’a répété à maintes reprises : ‘J’ai eu une bonne ride. Une ben bonne ride’. »
Éditrice, régisseuse, recherchiste, rédactrice...
De nombreux auteurs fransaskois éprouvent une immense gratitude pour les vitrines que Mychèle leur a offertes à travers la chronique Horizons de L’Eau vive, qu’elle a créée et dirigée depuis 2016, en plus de son soutien généreux pour le peaufinage de leurs textes.
Mychèle Fortin siégeait au comité d’édition de la revue littéraire À ciel ouvert, en plus d’être éditrice pour plusieurs publications des ÉNP.
« J’ai de la gratitude pour le travail qu’elle a accompli », témoigne Jean-Marie Michaud, auteur membre du Cercle des écrivains. « Elle était très éveillée à ce qu’on produisait. »
Madeleine Blais-Dahlem, dramaturge et auteure, se souvient avec le sourire que Mychèle « nous corrigeait avec une grande délicatesse pendant les rencontres du Cercle des écrivains. Elle connaissait sa grammaire et était une superbe rédactrice. »
Une musicienne à la joie de vivre
Avant de devenir éditrice pour la fransaskoisie, Mychèle Fortin a eu un parcours de carrière impressionnant.
Elle a fait de la régie à la Cie Jean Duceppe à Montréal et au Centre national des arts. Elle a été aussi recherchiste à l’ONF et rédactrice en chef du journal l’Eau vive de 2015 à 2018.
Pianiste et chanteuse, dans sa jeune vingtaine Mychèle Fortin était surtout connue dans la région de l’Outaouais pour sa musique.
Jean-Pierre Picard rapporte avec fierté que sa conjointe « remplissait les salles à l'époque ».
Jean Epp-Gauthier, amie de Mychèle, garde un souvenir chaleureux de sa musique : « Mes moments préférés étaient quand Mychèle et Jean-Pierre sortaient leurs instruments. Là, c’était magique. »
Et d’ajouter : « Mychèle chantait dans un style relaxe et chaleureux. Jean-Pierre l’accompagnait à la guitare ou au piano. Elle nous faisait découvrir plein de chansons françaises, mais aussi des morceaux en espagnol, et même un peu en anglais. »
Mychèle Fortin avait écrit une chanson en anglais qui parle d’un chagrin d’amour. « Le refrain There’s a hole in my heart me revient maintenant, parce que son départ me laisse un grand vide. »
David Baudemont admire lui aussi le talent d'interprète de la défunte : « Elle interprétait des chansons fabuleuses avec des sentiments très clairs », dit-il.
Jean-Marie Michaud affirme pour sa part que « les chansons de Mychèle des cabarets littéraires au Relais à Saskatoon ne seront jamais oubliées ».
Enfin, son fils Max-Alexis Fortin-Landry offre un dernier témoignage : « Ma mère est un voyage. Armée du courage naïf propre aux rêveurs optimistes, elle a eu une vie épique, souvent belle, parfois dure. »
« Perpétuellement indignée par l’injustice et les misères du monde, parfois au prix de sa propre quiétude, elle a su se construire un bonheur nuancé mais qui a bien mûri et qui fut authentique jusqu’à son dernier souffle. »
Et de conclure : « Elle a quitté ce monde dans la dignité, avec une résolution sereine, par un jour ensoleillé à l’image de ses ambitions, entourée des siens, l’âme en paix et le sourire aux lèvres. »