Horizons

Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

Estelle Bonetto

Îlots humains

En février dernier, l’Association des auteurs du Manitoba français (AAMF), avec le généreux soutien du Conseil des Arts du Manitoba, a lancé la première édition du Concours de création littéraire de l’Ouest et du Nord canadiens (CCLONC 2022).À cette occasion, les auteurs francophones du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ont soumis leurs textes dans les catégories Prose (nouvelles littéraires, contes, récits) et/ou Poésie (tous les genres).Les thèmes de la résistance et de la résilience ont été retenus pour ce premier concours littéraire visant, entre autres, à créer et renforcer les liens créatifs entre auteurs de l’Ouest et du Nord. La Fransaskoise Estelle Bonetto figure parmi les gagnants du CCLONC 2022, remportant le 3e prix dans la catégorie Poésie avec son œuvre Îlots humains, dont voici un extrait.

Îlots humains

Extrait

Les îlots humains flottent aux grés des temps et des vents en souvenir de leur nature librement nomade. Parqués aux confins des mentalités aux espaces étroitement étriqués, ils naviguent l’errance, la résistance. Peut-être l’espérance effleure-t-elle leurs heures qui s’écoulent comme on égrène un chapelet le long des prières païennes ?

 

Des cibles mouvantes, émouvantes qui fluctuent, évoluent, sur les bancs des parcs, des banquises à la dérive des libertés flouées.

 

Perdant le Nord en quête d’un Sud qui s’est fait la malle dans la soute de nos bagages

Des boulets lourds qui dessinent les valises sous les yeux malheureux.

 

Mal-heureux, bien-heureux, mieux-heureux

Il n’y a pas de juste milieu

Juste des milieux, à mille lieues, errant, en attendant.

 

L’itinérance peut-elle arriver à destination ?

Itin-érants, anti-érants.

 

Une nation prise dans les glaces vraiment trop froides des regards indifférents

Qui ne prennent pas le temps

Qui ont peur de le perdre

Qui ne savent pas où le trouver et qui court après

Comme on chasse un lapin blanc taché des couleurs brunâtres du printemps.

 

Une mi-saison, une mi-vie, un entre-deux

Un banc, jamais blanc, qui pose le temps, d’une saison, d’une journée passée à voir défiler les dérives des îlots humains flottants.

 

Une humanité en voie d’extinction

Noyée, naufragée, plantée, déracinée puis disséminée.

 

Des graines sans terre pour pousser, orphelines.

 

Comme des bouches édentées, des rêves broyés, des vies survécues

Les surfaces n’ont pas pris racine et les profondeurs sont enterrées dans les superficialités.

 

They’ve taken everything away from me.

Pour plus de détails au sujet du concours, visitez le site du CCLONC. Les textes gagnants seront publiés prochainement dans leur intégralité sur le site de l’AAMF ainsi que dans le numéro automnal de la revue littéraire fransaskoise À ciel ouvert.

 

 

 

 

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