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Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

Trop d’élèves et pas assez d’écoles : la rentrée difficile des francophones en Saskatchewan

Trop d’élèves et pas assez d’écoles : la rentrée difficile des francophones en Saskatchewan

La cloche a sonné. C'est une nouvelle rentrée qui commence et les écoles francophones débordent déjà. Des voix revendiquent la construction d'une nouvelle école francophone élémentaire à Regina, tandis qu’à Saskatoon et Prince Albert, on patiente toujours.

En mars 2019, un protocole d'entente avait été pourtant signé entre le gouvernement de la Saskatchewan et le Conseil scolaire fransaskois (CSF), promettant la construction de trois écoles à Regina, Prince Albert et Saskatoon.

Si Regina a finalement vu une nouvelle école ouvrir ses portes en janvier 2025, et officialiser sa toute première rentrée en ce mois de septembre, cela ne semble pas suffire pour bien des parents d’élèves. 

« Oui, cette école a ouvert, mais on se rend compte déjà que ça ne répond pas à la demande », souligne Jean de Dieu Ndayahundwa, représentant du CPIP, le Collectif des parents inquiets et préoccupés. 

Le problème de surpopulation est d’autant plus préoccupant qu’il met en avant le danger constant de l’assimilation et le risque de perte des droits constitutionnels, une angoisse qui tenaille nombre de familles fransaskoises. 

Retour devant les tribunaux

Face à cette situation, le CPIP a déposé un recours judiciaire le 13 août dernier pour réclamer une école supplémentaire à Regina. 

« On l'avait déjà déposé en octobre 2017, puis on l'a mis en veille... Finalement, on souhaite le modifier et le redéposer », précise Jean de Dieu Ndayahundwa, mécontent de la lenteur des avancements.

Selon un communiqué du CPIP, la capacité des écoles élémentaires francophones de Regina est de 630 places.

Or, une étude commanditée par le collectif et réalisée par l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML) en juin 2024 démontre que le nombre total d’enfants ayants droit à Regina est de 2 273 élèves. 

En d’autres termes, la vaste majorité des enfants ayants droit fréquentent l’école anglophone.

Du côté du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), le directeur général Ronald Ajavon dit comprendre la frustration des parents : « Ils ont absolument raison », dit-il. 

« Nous avons toujours demandé trois écoles à Regina. Ça [la nouvelle école ouverte cette année], c’est la première des trois. Donc il y a deux autres écoles que nous envisageons sur un horizon de 10 ans. Les discussions sont toujours en cours avec le gouvernement », résume-t-il.

Un gouvernement qui est resté sans réponse aux demandes d’entrevue de L’Eau vive sur le sujet.

« On a 3 100 élèves potentiels à Regina. Et l’année dernière, on en comptait un peu moins de 900 dans nos écoles », regrette Ronald Ajavon. 

Toujours en attente

À Saskatoon et Prince Albert, un gestionnaire de projets a été mandaté pour faire le suivi des établissements tant attendus par les communautés locales. 

La prochaine étape consiste en la nomination d’un architecte. D’après les informations du directeur du CÉF, les appels d’offres ont déjà eu lieu. Sous peu, le conseil scolaire devrait être en mesure de communiquer le nom de la firme engagée. 

« On demande de nouvelles écoles dans d’autres communautés qu’à Regina. On en demandera à Saskatoon aussi, parce qu’en voyant nos projections démographiques, même avec la nouvelle école prévue, on ne pourra pas répondre aux besoins de la communauté », résume Ronald Ajavon.

Le potentiel évalué à Saskatoon s’élève à 3 470 élèves. 

Si la patience est une vertu, l’appareil gouvernemental reste lent au vu des besoins des francophones de la province. Comment expliquer cette lenteur ? 

« Je ne sais pas, répond Ronald Ajavon. J’aurais bien aimé trouver une formule qui permette d’accélérer un peu l’appareil. Mais je peux sans doute acquiescer que c’est lent. » 

Le directeur général du CÉF évalue ainsi le taux d’assimilation des francophones de la province à environ 75 %, soit le plus élevé au Canada. 

En attendant, le CPIP a décidé de reprendre le chemin des tribunaux car, selon ses membres, « c’est le seul langage qu’ils comprennent », note Jean de Dieu Ndayahundwa. 

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Hélène Lequitte – IJL-Réseau.PresseGhita Hanane

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