Horizons

Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

Du pain de maïs au sirop de camerise
Dominique Liboiron

Du pain de maïs au sirop de camerise

Je sens mon poil de main qui brûle. Pas grave, j’en ai beaucoup. D’ailleurs, un peu de poil qui passe au feu est bon signe. C’est le signe que mon poêle à bois est maintenant assez chaud. Je viens de poser un grillage à l’intérieur. Il est par-dessus les braises rouges ardentes. Ça y est, c’est le moment de mettre le pain de maïs.

J’aime bien manger, alors je profite de cet après-midi ensoleillé durant la longue fin de semaine du Jour de la famille pour cuisiner dehors.

Le poêle à bois dont je me sers va avec ma tente en canevas. Je brûle des bûches depuis environ une heure afin de couvrir le fond du poêle avec une couche de braises. Ma cour sent le feu de camp et bientôt elle sentira le pain.

J’ai posé deux briques dans le poêle, une au fond et l’autre en avant, tout près de la porte. Le grillage passe d’une brique à l’autre. Entre les deux, une chaleur intense émane.

Je ne veux pas mettre mon poêlon en fonte directement sur les braises, sinon le pain va brûler. Les briques et le grillage soulèvent le poêlon par-dessus les braises.

Le poêlon est en place. Je l’ai graissé de beurre pour éviter que le pain colle et bientôt j’entends le beurre qui crépite.

J’aimerais bien ouvrir la porte du poêle pour savourer l’odeur, mais je résiste à la tentation pour ne pas perdre de la chaleur. Bon, je peux tricher un peu. Je n’ai pas posé la cheminée, alors je peux regarder dans le poêle et contempler le pain de plus en plus doré.

Après une trentaine de minutes, je sors le pain du poêle. Il y a quelques petits brins de cendre ici et là. À les voir, je me sens comme un vrai de vrai qui cuisine comme autrefois, peut-être un pionnier ou un coureur de bois.

Si j’ai cuit du pain de maïs, c’est surtout parce que je veux goûter à un nouveau sirop. Depuis trois ans, j’entends des gens parler d’une baie de plus en plus commune en Saskatchewan. En anglais, les gens l’appellent haskap. En français, on dit camerise.

Dernièrement, je ne mange que de la confiture de camerise et de fraise sur mon pain grillé le matin, mais là je viens de verser du sirop de camerise sur du pain de maïs tellement frais que de la vapeur en sort.

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PHOTOS Crédits : Dominique Liboiron Les camerises sont préparées en sirop et en confiture.

Le sirop a le goût du sirop de Saskatoon. J’aime bien sa saveur sucrée, car elle ajoute une richesse au goût un peu fade du pain de maïs.
Sans doute, ce même sirop serait aussi bon que du sirop d’érable sur des gaufres ou des crêpes. Bien que je n’aie pas encore essayé, j’imagine qu’on pourrait aussi bien le mettre sur du pain, grillé ou non, et même sur de la crème glacée.

On dit que les goûts ne sont pas à discuter, mais pourquoi ne pas les partager ?

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