« Ensemble, on va plus loin » : la fransaskoisie célèbre la philanthropie
Du 7 au 9 novembre s’est tenue à Regina une nouvelle édition du Rendez-vous fransaskois. La rencontre a placé au cœur des échanges la philanthropie, socle fondamental pour l’épanouissement de la communauté.
C’est en partenariat que l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) et la Fondation fransaskoise ont coordonné cette 35e édition, intitulée officiellement Philanthropie 101 : Ensemble, cultivons la générosité !
Les ateliers ont notamment porté sur la relation entre les organismes, les campagnes de financement et la communauté.
L’invité spécial, Claude Lestage, formateur et conseiller en stratégie philanthropique, a lancé l’événement avec la séance Philanthropie 101.
« La philanthropie englobe toutes les actions intentionnelles qu’on choisit de poser dans un but d’utilité publique, axé sur la qualité de vie », a-t-il expliqué.
« La philanthropie, c’est valoriser le bénévolat. C’est donner, peu importe la forme : l’argent, le temps, l’expertise, la compétence ou la visibilité. »
Selon le leader en développement social, la philanthropie répond aux besoins fondamentaux de l’être humain, les organismes soutenus contribuant aux besoins physiologiques de sécurité et d’appartenance. « Donner, ça fait du bien », a-t-il ponctué.
Pour le spécialiste, « ce qu’il faut développer, c’est la philanthropie du quotidien, s’assurer que tout le monde puisse poser un geste philanthropique, peu importe ses moyens ».
La régularité des gestes de philanthropie renforcerait ainsi la solidarité et créerait « un impact cumulatif important ».
La philanthropie pour rassembler
« La philanthropie n’est pas réservée aux riches. Chaque geste compte », a soutenu l’expert.
Une philosophie d’autant plus valide en contexte minoritaire : « On va plus loin ensemble », estime Claude Lestage, pour qui cinq valeurs fondamentales priment : solidarité, responsabilité partagée, vision collective, respect et gratitude.
Le conseiller, qui a déjà collaboré avec l’ACF, reconnaît la présence de ces valeurs au cœur de la communauté francophone de la Saskatchewan.
« C’est une grande force que vous avez. C’est sûr que ce n’est pas toujours facile, mais plus on veut être rassembleurs, plus on sera rassemblés. »
Denis Simard, président de l’ACF, a abondé dans le même sens : « La philanthropie, c’est bien plus que le geste de donner. C’est l’expression de notre engagement collectif, le reflet de notre bienveillance, l’un des piliers qui font grandir et s’épanouir la fransaskoisie. »
Claire Bélanger-Parker, directrice intérimaire de l’Association communautaire fransaskoise de Regina (ACFR), a fait écho à ces valeurs lors de son atelier Comment organiser une campagne de financement.
« Ce qui compte, c’est le pourquoi de chaque personne impliquée dans la campagne », a-t-elle insisté.
La cheffe de projets a aussi rappelé, avec humour, la difficulté de la mobilisation : « La seule façon de manger un éléphant, c’est une bouchée à la fois ! »
Une force collective ancienne
Afin d’alimenter la réflexion, trois représentants de la Fondation fransaskoise ont formé un panel pour retracer l’histoire de la philanthropie francophone en Saskatchewan.
Roger Gauthier, membre du conseil d’administration de la fondation, a rappelé que les débuts de la philanthropie fransaskoise remontaient à 1945, avec la création du Comité de la radio française.
« Il y a eu un effort phénoménal de philanthropie en Saskatchewan. Ils ont recueilli 649 000 dollars pour créer deux stations de radio, l’équivalent de plus de 7 millions de dollars aujourd’hui. »
En 1997, la Fondation fransaskoise a été officiellement établie. Bien qu’en 2008 elle ait traversé une période de difficultés financières, son président Robert Cousin est fier du chemin parcouru et regarde vers l’avenir.
« Ce qui nous définit, ce n’est pas seulement les choix que nous avons faits, mais ceux que nous ferons dans le futur. Notre responsabilité, notre raison d’être, c’est envers les citoyens. »
Selon lui, un changement de philosophie s’est opéré depuis 2008, illustré aujourd’hui par un capital impressionnant de 3,25 millions de dollars au solde de la Fondation fransaskoise.
Jacqueline Sirois, avocate et membre du conseil d’administration, a témoigné, émue : « La Fondation a toujours été là pour me soutenir. Sincèrement, sans la communauté fransaskoise, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui. »
Bien qu’il reste des défis à relever, le message passé lors du Rendez-vous est clair : la solidarité donne des ailes.
Les principes de l’engagement philanthropique
Claude Lestage a présenté quatre principes essentiels pour susciter l’engagement au sein de la fransaskoisie :
- Créer de l’intérêt pour l’implication
« Il faut éveiller la curiosité et l’émotion. L’impact doit être démontré. Créer des occasions concrètes de participation qui valorisent chaque geste renforce le sentiment d’appartenance. La tête prend la décision, mais c’est le cœur qui donne. »
- Se voir comme un courtier philanthropique
« Il est important de comprendre les motivations derrière chaque type de don, de proposer des options adaptées à la capacité et aux valeurs du donateur, et de présenter les dons planifiés comme une continuité naturelle de l’engagement. »
- Mériter la confiance pour assurer la fidélité
« Il faut assurer une transparence totale dans l’utilisation des dons. Les donateurs sont des investisseurs sociaux qui veulent faire une différence concrète. Offrir un suivi régulier et personnalisé permet de maintenir la cohérence entre les promesses et les actions. »
- Valoriser les quatre formes d’engagement
« Le temps, pour encourager les donateurs ; le talent, pour reconnaître leurs compétences ; le trésor, qu’il faut savoir valoriser ; et les relations, qui permettent de mobiliser le réseau. »