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Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

L'Eau vive
/ Catégories: 2018, Société, Nécrologie

Irène Fournier Chabot 1930-2018

Parcours d’une femme de cœur, de tête et d’action

Irène Chabot reçue chez les Cents-Associés

Irène Chabot reçue chez les Cents-Associés

Irène Chabot recevait, le 15 novembre 1992 lors du dîner de clôture du Rendez-vous fransaskois, la reconnaissance de la Compagnie des Cent-Associés francophones des mains de Roland Pinsonneault. Madame Chabot a reçu cet hommage pour sa contribution exceptionnelle à la promotion et à l’enrichissement de la vie française au Canada et à l’étranger.

Photo : Archives de l’Eau vive

La communauté fransaskoise a perdu l’une de ses pionnières avec le décès d’Irène Fournier Chabot à l’âge de 87 ans, le 20 janvier dernier, à Regina.

Irène Fournier est née durant la crise économique au début des années 1930. Son père, Aristide Fournier, était agriculteur à Ferland et sa mère, Pearl M. Kemp, anciennement une enseignante, œuvrait avec les Dames de Sainte-Anne de Ferland. Durant les années 1960, Pearl Fournier a contribué à l’établissement de la Fédération des femmes canadiennes-françaises, dans le diocèse de Gravelbourg. Plus tard, elle a aidé à répandre le mouvement dans le nord de la Saskatchewan, en Alberta et même au Manitoba. L’influence de sa mère sera déterminante dans le long cheminement de bénévolat d’Irène.

Pour bien des femmes canadiennes-françaises de la Saskatchewan d’antan, une implication sociale commençait d’abord et avant tout avec la paroisse : le club local des Dames de Sainte-Anne, celui des Dames de l’Autel ou d’un autre organisme féminin religieux local.  Comme bien d’autres de ses contemporaines, Irène Chabot a débuté son action sociale dans sa paroisse natale de Ferland, avant de briller sur les scènes provinciale et nationale.

Irène Fournier épouse Alfred Chabot à Ferland en 1949. Durant les années 1950 et 1960, tout en élevant ses enfants, elle appuie l’implication de son mari dans les divers mouvements francophones de la province, comme l’ACFC, l’Association des commissaires d’écoles franco-canadiens de la Saskatchewan (ACEFC), la radio française, etc. Comme sa mère, Irène Chabot s’implique avec les Dames de Sainte-Anne, la Ligue des femmes catholiques du diocèse de Gravelbourg et éventuellement la Fédération des femmes canadiennes-françaises.

Elle joint le directorat du poste de CFRG-AM, la radio française à Gravelbourg, de 1958 à 1970. Présidente du foyer-école à Ferland, de 1959 à 1964, elle est membre du Conseil consultatif des collèges communautaires de la Saskatchewan, région sud-ouest.

Et puis, on la retrouve à différents postes au sein du mouvement des femmes, tant au niveau local, régional que national. De 1973 à 1979, elle accepte les postes de la vice-présidence et de représentante des quatre provinces de l’Ouest au Conseil d’administration de la Fédération des femmes canadiennes-françaises, qui a son siège social à Ottawa. Elle y reviendra comme représentante provinciale de la Saskatchewan, de 1987 à 1989.

En 1977, elle devient la première femme à occuper la présidence de l’ACFC en succédant à Clotaire Denis. Elle occupera ce poste pendant six ans. Ce sera une période de grande transition pour la communauté francophone dans l’arène politique, avec l’établissement du Bureau de la minorité de langue officielle, le début de l’affaire Mercure, le rapatriement de la constitution, l’adoption de la Charte des droits de la personne et la tenue d’un premier référendum au Québec, en 1980. Ce sera aussi une période d’évolution culturelle pour les Fransaskois : adoption du drapeau fransaskois, création de la Fête fransaskoise, etc.

On retrouvera ensuite Irène Chabot au Comité consultatif canadien de la situation de la femme comme représentante de la Saskatchewan, de 1978 à 1981. Elle siégera également au Programme de contestation judiciaire, de 1985 à 1990, programme fort connu de la communauté fransaskoise, principalement dans le dossier éducation.

En 1983, elle cède la présidence de l’ACFC, mais elle est loin d’avoir terminé son implication sociale dans la communauté fransaskoise. L’année suivante, elle accepte la présidence du Conseil d’administration du Collège Mathieu, poste qu’elle occupe pendant plus de dix ans. Suite à l’incendie du collège, en 1988, elle épaule bien le directeur de l’institution, Florent Bilodeau, alors qu’on décide de reconstruire à Gravelbourg. 

Irène Chabot était très impliquée avec l’Amicale du Collège Mathieu. Elle s’est occupée de tenir à jour la banque de données des anciens et a supervisé la publication du Trait d’Union, le bulletin de l’Amicale.

On la retrouvera également au premier comité de concertation provincial des Fransaskois pour la première entente Canada-Communauté fransaskoise; bénévole pendant cinq ans à L’Eau vive, présidente du Comité consultatif de la minorité de langue officielle auprès du ministre de l’éducation de la Saskatchewan; membre du comité de liaison du Centre d’études bilingues de l’Université de Regina; membre fondatrice et membre du conseil d’administration de Télé-Canada; membre du conseil d’administration du Centre des arts de Regina, et plus encore.

Elle était aussi gardienne des milliers de dossiers de la FFCF et elle caressait le rêve de publier une histoire de cet organisme… peut-être dédiée à la mémoire de sa mère, Pearl M. Kemp, celle qui lui a donné le goût de l’implication sociale et communautaire.

De nombreuses récompenses

Le travail de « ma tante Irène », comme les membres de la communauté fransaskoise aimaient l’appeler, a été souligné par de nombreuses distinctions honorifiques : Ordre des francophones d’Amérique, en 1982, Ordre de La Pléiade (Ordre de la francophonie et du dialogue des cultures de l’Assemblée internationale des parlementaires de langue française), en 1987, reçue membre de la Compagnie des Cent-Associés francophones, en 1992, membre de l’Ordre du Canada, en 2004, Ordre du mérite de la Saskatchewan, en 2005…

Irène Fournier Chabot aura laissé sa marque dans l’histoire de la francophonie d’ici et dans le cœur de ceux qui ont la chance de la côtoyer. Elle mérite une place d’honneur dans le panthéon des leaders fransaskois.

 

D’après des textes de
Laurier Gareau et Michel Vézina

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