Albertine, en cinq temps à la Troupe du Jour
Pour sa production communautaire annuelle, la Troupe du Jour (LTDJ) de Saskatoon a présenté Albertine, en cinq temps de Michel Tremblay entre le 27 novembre et le 7 décembre. Un classique qui a mis de l’avant des talents locaux.
La mise en scène de Bruce McKay a placé sur le devant de la scène les comédiennes bénévoles Tania Duclos, Shannon Lacroix, Gail Enright, Sonia Gouin, Shelly Balbar et Lolita Mouoko.
Albertine, en cinq temps est classique du théâtre québécois qui présente une conversation entre cinq versions d’un personnage.
Le spectateur découvre ainsi Albertine à 30, 40, 50, 60 et 70 ans, chaque décennie apportant une perspective différente sur les mêmes événements d’une vie parsemée de souffrance.
La solidarité entre femmes
La pièce explore des sujets difficiles tels que la violence familiale et la dépression. Tania Duclos, qui a joué Albertine à 30 ans, explique la solidarité qui a permis de faire face aux émotions de la pièce.
« Être ensemble avec tous nos défis et nos expériences a créé une sorte de sororité. C’est difficile pour tout le monde, mais on a passé à travers cette histoire ensemble. »
Alors que plusieurs des comédiennes ont utilisé leur expérience de mères pour donner vie au personnage d’Albertine, Shannon Lacroix a dirigé ses pensées vers ses aïeules.
« La pièce m’a fait penser à ma mère et à ma grand-mère et finalement à toutes les femmes de ma famille et ce qu’elles ont vécu à travers les décennies. »
Albertine, en cinq temps expose aussi le Québec d’une autre époque. Présentée pour la première fois en 1982, l’histoire se passe entre les années 1940 et 1980.
« Ce sont des moments intéressants pour l’histoire du Québec, observe Shannon Lacroix. La vie des femmes était dictée par la religion et les hommes. »
La comédienne jouait Albertine à l’âge de 40 ans : « Lors de cette décennie, Albertine est envahie par la rage. La leçon à retenir est d’apprendre à vivre ses émotions pour éviter qu’elles envahissent notre vie. »
Tania Duclos, elle, relève l’aspect positif du classique québécois : « D’un côté, la pièce est rassurante, car on voit qu’il y a la possibilité de se créer un réseau. La pièce est l’exemple à multiples voix d’une tragédie personnalisée qui peut nous faire réfléchir sur comment éviter de se sentir comme Albertine. »
Pour l’amour de Michel Tremblay
Michel Tremblay était un dramaturge fétiche pour les comédiennes bénévoles de cette production, dont Sonia Gouin, qui jouait Albertine à 60 ans : « Je ne pouvais pas manquer de participer à une production d’un de ses textes ! »
Shelly Balbar, incarnant Albertine à 70 ans, compte aussi parmi les admiratrices du dramaturge québécois.
« C’est la troisième fois que je joue du Tremblay. J’aime qu’il parle des gens qui n’ont rien d’extraordinaire. J’apprécie aussi ses dialogues, car pour un comédien, il y a toujours de nouvelles découvertes. »
Pour d’autres, la pièce était un terrain nouveau à apprivoiser. « Je ne connaissais pas Michel Tremblay, explique Lolita Mouoko. Toutes les dames de l’équipe m’ont intégrée et supportée pendant les répétitions. »
Idem pour Gail Enright, pour qui le français est la langue seconde et qui a malgré tout joué Albertine à l’âge de 50 ans : « Bruce McKay m’a beaucoup aidée à comprendre le texte. »
La présentation du 29 novembre a été suivie d’une discussion entre les spectateurs et les actrices. La solidarité entre les comédiennes et leur amour pour les écrits de Michel Tremblay étaient palpables tout au long de la session.