Actualité littéraire

Ghita Hanane – IJL-L’Eau vive
/ Catégories: Société, Politique

Un projet de loi historique pour la fransaskoisie

Le 5 novembre 2025 est une journée à marquer d’une pierre blanche pour la communauté francophone de la Saskatchewan. La députée Jacqueline Roy, première élue francophone à l’Assemblée législative de la province, a présenté un projet de loi visant à reconnaître l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) comme porte-parole officiel et à instaurer un processus de consultation formel avec le gouvernement.

Le projet de loi se veut une initiative pionnière, sans précédent au Canada.

La proposition vise à garantir que la communauté fransaskoise soit consultée sur les questions qui la concernent directement sur nombre de dossiers : éducation, santé, petite enfance, justice et vie communautaire.

« Le projet reconnaît l’ACF comme organisme porte-parole des Fransaskois et Fransaskoises, et crée un groupe de consultation pour que la communauté soit toujours impliquée dans les décisions importantes », explique Jacqueline Roy.

Avant d’ajouter : « Aujourd’hui est déjà une réussite, mais je vais continuer à me battre pour la cause du français en Saskatchewan. »

Une première

Pour la députée, cette initiative est le fruit d’un long travail de dialogue avec les acteurs communautaires.

Son objectif : faire en sorte que la voix francophone soit entendue à la table des décisions gouvernementales.

Pour Denis Simard, président de l’ACF, cette loi vient combler un vide historique. Car jusqu’à présent, la communauté francophone ne disposait d’aucun cadre officiel lui garantissant d’être consultée.

« Chaque fois qu’on parlait de nous, on parlait sans nous, souligne Denis Simard. Désormais, cette loi va nous permettre d’être à la table de toutes les discussions. »

Le président de l’organisme rappelle que d’autres groupes, comme la Nation métisse de la Saskatchewan ou la Fédération des nations autochtones souveraines (FSIN), bénéficient déjà de telles reconnaissances.

La communauté fransaskoise attendait ainsi depuis longtemps un geste semblable : « Ce que cette loi va permettre, c’est une vraie obligation de nous consulter pour la vie. Et ça, c’est un cadeau qu’on se donne », ponctue-t-il non sans émotion.

Le texte prévoit aussi des consultations publiques dans toute la province. Des rencontres qui permettront de dresser un rapport annuel avec des recommandations concrètes pour renforcer la place du français en Saskatchewan.

Un moment historique

Pour Claire Bélanger-Parker, directrice intérimaire de l’Association communautaire fransaskoise de Regina (ACFR), cette journée constitue une étape majeure.

« C’est un moment historique. On a été reconnus, enfin ! C’est pour un avenir plus positif, plus fort, où les Fransaskois seront fiers de s’exprimer en français », réagit-elle.

La consultante salue le leadership de la députée : « Jacqueline a fait un travail exceptionnel pour faire reconnaître notre place dans la province. Et voir la communauté réunie en grand nombre pour l’appuyer, c’était très touchant. »

Claire Bélanger-Parker croit que ce geste aura un impact concret sur la confiance et la visibilité de la francophonie.

« Cela nous rend plus solides, moins gênés de parler français, car on sait maintenant qu’on a une place. »

L’initiative dépasse même le cadre communautaire, puisqu’elle pourrait aider à faire la promotion du bilinguisme dans la province.

« Ce projet de loi va nous aider à promouvoir la langue française dans nos villes et nos municipalités », commente Jean-Marc Nadeau, directeur général de l’Association des municipalités urbaines de la Saskatchewan (SUMA).

« C’est une belle opportunité pour la communauté fransaskoise d’être reconnue. Le fait que le gouvernement doive consulter avant d’adopter de nouvelles lois, c’est essentiel pour valoriser le français en Saskatchewan », ajoute-t-il.

Une nouvelle page

Pour de nombreuses parties prenantes, cette journée à l’Assemblée législative symbolise ainsi une reconnaissance institutionnelle longtemps attendue.

La présentation du projet de loi par une députée francophone vient donc affirmer la place de la langue française dans la vie politique et culturelle de la Saskatchewan.

« C’est plus qu’un texte législatif, c’est une reconnaissance de notre existence et de notre droit d’être entendus », résume Denis Simard.

Même si le projet devra encore franchir les étapes parlementaires avant d’être adopté, nul doute qu’il a déjà su rassembler et inspirer.

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