Réconciliation francophones-Autochtones : « Connaître, ce n’est pas tout. »
Une journée d'échange intitulée Bâtir des relations avec les communautés autochtones s'est tenue le 22 octobre à la Cité universitaire francophone de Regina. L'événement, gratuit et ouvert à tous, a permis aux francophones présents de réfléchir aux enjeux de la réconciliation, de découvrir des perspectives autochtones et de tisser de nouveaux liens.
Depuis quelques années, la communauté fransaskoise affiche un réel désir de s'impliquer dans les démarches de réconciliation et d'établir des liens avec les Premiers Peuples.
Malgré cette bonne volonté, « beaucoup de gens ne savent pas comment s'y prendre », remarque Jérôme Melançon, chef du département de philosophie et d'études classiques à l'Université de Regina.
Pour le professeur, l'éducation seule ne permet pas d'aborder de façon approfondie les réalités autochtones, laissant la porte ouverte aux préjugés et à l'incompréhension.
La journée a donc répondu à un besoin de repères, d'outils et de contacts, tout en mettant en avant la nécessité d'une écoute véritable.
S'ouvrir à la réalité autochtone
Pour Arianne Mulaire, métisse et francophone de la Vallée de la rivière Rouge, consultante en perspectives autochtones, l'essentiel est d'aller au-delà des gestes symboliques.
« Il faut rendre le milieu accueillant pour les Autochtones et prendre le temps de se connaître avant de se lancer dans des projets », avance-t-elle.
Son intervention portait notamment sur l'importance des reconnaissances territoriales et sur leur rôle actuel dans la société.
Surtout, la consultante observe un retard dans les milieux francophones quant à l'adoption de démarches concrètes, comme la mise en œuvre de plans d'action ou la modification des politiques organisationnelles.
Arianne Mulaire relève une certaine résistance : « Connaître, ce n'est pas tout. Il faut intégrer ces connaissances dans nos décisions, nos actions et nos politiques. »
Et de ponctuer : « Le changement prend du temps, mais il survient plus vite si on ne se met pas de barrières. »
La participation active à des événements autochtones est ainsi encouragée : il ne suffit plus d'assister comme témoin, mais de porter une attention particulière à ce qui est communiqué par l’entremise des logistiques, des interactions entre participants, ou encore des savoirs partagés.
Dialoguer pour construire
Plusieurs signes montrent malgré tout que la collaboration prend racine : « On voit que plusieurs organismes fransaskois collaborent maintenant avec des partenaires autochtones », note Jérôme Melançon.
Pour les organisateurs et intervenants, le succès se mesure aussi à l'engagement observé pendant la journée.
« Voir les participants dialoguer, poser des questions, sortir de l’événement avec l’envie d’agir, c’est déjà une réussite », ajoute l’universitaire.
Par ailleurs, Arianne Mulaire insiste sur l’effet des stéréotypes qui nuisent à la compréhension de l’autre.
« On ne peut pas apprendre à connaître quelqu’un si on le regarde à travers le filtre des stéréotypes », dit-elle, invitant le public francophone à cultiver l’ouverture, à prioriser la visite et la rencontre.
Ainsi, dans la démarche de réconciliation, l’écoute, l’humilité et l'action collective posent les bases de relations authentiques, essentielles pour bâtir un avenir commun entre Fransaskois et Autochtones.