Je suis tombée en amour du français
Je suis amoureuse de la langue française, mais ces vilains anglicismes phraséologiques, c’est-à-dire les traductions littérales d’expressions anglaises en français, ont semé la zizanie dans mon esprit. Vous aussi ?
J’ai fini par jeter de l’huile sur le feu, aggraver la situation. Me retrouvant dans l’eau chaude, j’ai bien des ennuis. Ajoutant l’insulte à l’injure, je suis allée trop loin. Manquant le bateau, j’ai raté une occasion en or.
Alors j’ai dû prendre le blâme, endosser la responsabilité. J’ai pris offense, je me suis froissée. J’ai pris personnellement les choses, je me sentais visée.
J’ai enfin jeté le bébé avec l’eau du bain. Autrement dit, j’ai entièrement rejeté quelque chose de négatif sans tenir compte de ses aspects positifs. Ça coule comme de l’eau sur le dos d’un canard. Toutes les critiques n’ont aucun effet réel sur moi.
Entre-temps, achetant quelque chose pour une chanson, pour une bouchée de pain, je découvre que l’argent ne pousse pas dans les arbres, ne tombe pas du ciel.
Je sais de quel côté mon pain est beurré, c’est-à-dire que je prends les décisions en fonction de mes propres intérêts. Je mets tous les œufs dans le même panier, je concentre tous mes efforts et mes ressources sur une seule chose.
Côté positif, j’ai le pouce vert, je suis bonne jardinière. Mais j’ai les yeux plus grands que la panse, j’ingère plus d’aliments que je ne peux en manger, même si tout n’est pas ma tasse de thé, à mon goût. Si la chaussure me va, je dois la porter. Si une accusation m’applique, je dois l’accepter.
Malgré ça, je mets l’épaule à la roue, la main à la pâte. Je tiens le fort, le coup. Bien que je sois sur mes derniers milles, sur le point de m’arrêter, je dois mettre tout sur glace, en veilleuse, en attendant mon discours.
Et prenant enfin la planche, la parole, je dois être à mon meilleur, au meilleur de ma forme. Je ne veux certainement pas avoir de papillons dans l’estomac, avoir le trac, me mettre un pied dans la bouche, dire une bêtise, ou avoir la mèche courte, me mettre facilement en colère.
Prenant ma parole, les spectateurs me font confiance. Il ne me faut pas leur tordre le bras, leur forcer la main.
Mon discours a des dents, il est efficace, j’ai gagné mon point, réussi à convaincre. Hélas, le chat est sorti du sac. Un fait que j’ai tenu caché a été révélé par inadvertance. Laissant couler les faits, je les ai divulgués.
Les murs ayant des oreilles, la conversation que je pense privée peut en fait être entendue par tous. C’est comme parler à un mur. Les personnes à qui je parle ne m’écoutent pas.
Heureusement, tout ce que je leur ai dit a sonné une cloche, leur a rappelé quelque chose. Je leur ai donné le feu vert, la permission, de suivre leur propre chemin. De quoi placer la cerise sur le sundae, le gâteau.