Actualité littéraire

Ghita Hanane – IJL-L’Eau vive
/ Catégories: Éducation, Jeunesse

Faire pousser du tabac à l’école dans la tradition des Premières Nations

Sur le terrain de l’école Monseigneur de Laval, à Regina, les élèves de troisième année ont pris part à une expérience inédite : planter du tabac. Depuis 2023, leur projet de culture de tabac sacré, mené en partenariat avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), unit savoirs autochtones, éducation et spiritualité.

Cette initiative a vu le jour grâce à Rodger W. Ross, conseiller aux affaires autochtones au CÉF, et Rosalie Lizée, conseillère pédagogique en matière autochtone.

Ensemble, ils souhaitaient offrir aux élèves une expérience concrète ancrée dans les traditions des Premières Nations.

« Nous voulions faire pousser du tabac selon les perspectives autochtones, dans le respect des protocoles. C’est un projet exigeant, car tout se fait d’une manière très biologique et spirituelle », explique Rosalie Lizée.

L’idée s’est ancrée au début de l’année scolaire 2023-2024, avec le soutien de Mélanie Gareau, responsable des partenariats au CÉF.

L’école Monseigneur de Laval a été choisie pour piloter le projet et la direction, composée de Fatma Zohra Henni et Julie Pelletier, a accueilli l’initiative avec enthousiasme.

« Rodger et moi avons d’abord rencontré la direction et le personnel pour expliquer la portée du projet, raconte Rosalie Lizée. Ensuite, les classes de troisième année ont été retenues. C’était la première fois que Rodger travaillait avec des élèves aussi jeunes. »

Un rituel plein de sens

Le rôle de Roger Ross consiste à accompagner les élèves, le personnel et le CÉF afin de respecter les protocoles entourant la culture du tabac.

Pour le conseiller aux affaires autochtones, ce projet va bien au-delà du jardinage : il s’agit d’un acte spirituel.

« Avant même de planter, nous avons prié pour l’eau et la terre. Ces prières, surtout celles des enfants, rendent la croissance du tabac particulièrement significative », témoigne-t-il.

« Le tabac nous guide, poursuit le conseiller. Quand quelqu’un veut poser une question spirituelle à un aîné, il doit d’abord lui offrir du tabac. Si la personne accepte, c’est qu’elle peut partager son savoir. Si elle refuse, c’est aussi une marque de respect. »

Pour ce dernier, le tabac représente le don et le retour du don : « Le tabac, c’est un contrat social entre toi et moi. Si je t’en offre pour te demander de l’aide et que tu l’acceptes, tu t’engages à m’aider. Mon énergie et la tienne circulent à travers cette offrande, en lien avec le Créateur. »

Les élèves ont ainsi découvert cette dimension symbolique tout en apprenant à prendre soin de leurs plants, et à faire la différence entre tabac spirituel et tabac commercial.

Des enfants curieux et engagés

« Les enfants ont tellement aimé ça ! Ils étaient fiers et se sentaient privilégiés de participer à un projet aussi important. Certains parents nous ont même écrit pour nous remercier », se réjouit la conseillère pédagogique Rosalie Lizée.

Le succès a été tel que l’école a décidé de reconduire le projet pour une deuxième année, cette fois avec la collaboration de l’Association communautaire fransaskoise de Regina (ACFR).

Grâce à une microsubvention du programme fédéral Vice-Versa, obtenue grâce à Claire Bélanger-Parker, consultante pour l’ACFR, le projet peut donc s’élargir à la communauté.

Des activités culturelles et spirituelles, comme une cérémonie de purification par la fumée, ont permis de tisser des liens entre différents membres de la fransaskoisie.

« Ce que j’aime, c’est que le projet continue et crée des ponts entre le CÉF, l’école et les Premières Nations », ponctue Rosalie Lizée.

« En offrant ces expériences concrètes aux enfants, nous plantons des graines de savoir et de respect. En grandissant, ils bâtiront de meilleures relations avec les peuples autochtones », renchérit Rodger Ross.

Ce qui n’était au départ qu’un projet pilote est devenu un symbole fort de dialogue et d’ouverture culturelle.

« Le tabac, conclut Rosalie Lizée, c’est plus qu’une plante. C’est une manière d’entrer en relation, de remercier et de reconnaître les savoirs autochtones. En cultivant le tabac, nos élèves cultivent aussi le respect ! »

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