Il était une fois Valroy devenu Dollard
Entre Eastend et Shaunavon, dans le sud-ouest de la Saskatchewan, une signalisation routière montre une flèche indiquant Dollard. La curiosité aidant, nous nous aventurons sur ladite route…
Dollard est tout petit aujourd’hui. Quelques rues, quelques maisons, un édifice devant lequel se trouve un derrick pétrolier rappelant l’industrie phare de la région.
Et, sur un terrain, un autre édifice rappelant une époque lointaine : ce qui reste de l’église St-Jeanne d’Arc, délabrée, délavée, probablement le refuge de quelques oiseaux et chauves-souris, à l’avenir plus qu’incertain…
L’église a été construite en 1911 par le curé Victor Javet. Après le cimetière, au carrefour de la route 13 et de la route 613 où reposent en paix les pionniers francophones de l’endroit, c’est le dernier vestige d’une vie active passée.
C’est sur la recommandation d’un recruteur, Léon Roy, le père de l’autrice franco-manitobaine Gabrielle Roy, que la communauté prend vie en 1908.
Il semble qu’il y avait beaucoup de Roy, car on nomma l’endroit Valroy. Mais en 1909, l’abbé Pierre Gravel recommande que l’endroit soit plutôt nommé Dollard en mémoire de Dollard des Ormeaux, mort lors de l’embuscade du Long Sault, en Nouvelle-France.
Le bureau de poste ouvre en 1909, avant l’église, puis suivent un magasin et l’école en 1912. Les francophones sont alors actifs dans la communauté.
En mai 1913, le cercle local de l’Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan (ACFC) devient l’un des premiers à se joindre à la nouvelle organisation. De plus, un comité de la Société St-Jean-Baptiste est très actif.
La Revue historique de la Société historique de la Saskatchewan mentionne un événement singulier : « Cinq hommes masqués commettent un vol à la banque de Dollard mettant la main sur 6 800 dollars en argent et près de 200 000 dollars en obligations et autres titres boursiers. » Récit rapporté par Laurier Gareau.
Autre anecdote : le personnage de Wanda Dollard, dans la série Corner Gas, interprété par l’actrice canadienne Nancy Lee Robertson, a été nommé d’après le village de Dollard par l’auteur de la série, Brent Butt.
Le temps passa. L’église ferme ses portes en 1981 et finalement le bureau de poste en 1988.
Aujourd’hui, ce qui s’appelait Dollard relève administrativement de la municipalité rurale d’Arlington. Au recensement de 2021, on y comptait 20 habitants.
Dollard reste un souvenir de la vigueur de ses pionniers francophones, un rappel de la fragilité de la francophonie en Saskatchewan.