Actualité littéraire

Un bison saskatchewanais en Allemagne

Les Éditions de la nouvelle plume s’exportent. Du 16 au 20 octobre, l’éditeur fransaskois était représenté à la Foire du livre de Francfort pour le lancement officiel de la version allemande de son ouvrage Hommage au bison. Le résultat d’une première vente internationale pour la maison d’édition qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

C’est la plus grande foire internationale dans le domaine du livre. Avec plus de 7 000 exposants venus des quatre coins du monde et près de 300 000 visiteurs, Francfort a offert aux Éditions de la nouvelle plume (ÉNP) une magnifique vitrine. « C’était vraiment étourdissant », rapporte Martine Noël-Maw, auteure, traductrice du livre et représentante des ÉNP.

La visite de la Fransaskoise, membre du conseil d’administration des ÉNP depuis une douzaine d’années, a été ponctuée de multiples rencontres. D’abord, les trois premières journées de la foire étaient consacrées aux professionnels de l’industrie. La version allemande de Hommage au bison : Une légende des Cris des Plaines a ainsi été dévoilée sous le regard de nombreux éditeurs, libraires, bibliothécaires, traducteurs et distributeurs. L’auteure de l’œuvre originale publiée en anglais, Judith Silverthorne, était également présente pour répondre aux questions d’une journaliste allemande.

Point culminant de l’événement, les journées de samedi  19 et dimanche 20 octobre ont vu déferler une foule de passionnés venus prendre d’assaut la foire, déguisés et maquillés aux couleurs de leurs personnages littéraires préférés. « C’était vraiment une grande fête de la lecture », témoigne Martine Noël-Maw.

Le début d’une aventure

Pour rappel, les ÉNP ont vendu les droits de traduction du livre Hommage au bison en décembre 2018 à l’éditeur allemand MONS Verlag qui le distribuera dans tous les pays germanophones, dont la Suisse et l’Autriche. « Pour la Nouvelle plume, c’est une lancée vers l’international, résume Laurier Gareau, président. C’est le début d’une aventure. On espère que ça va mener à d’autres traductions de nos livres. » Espagne, Chine, Grande-Bretagne, Australie… Les ÉNP convoitent plusieurs marchés.

Tout a commencé grâce au Regroupement des éditeurs franco-canadiens (REFC). Son directeur général, Frédéric Brisson, était d’ailleurs présent à Francfort où l’organisme envoie une délégation d’éditeurs francophones hors Québec depuis deux ans. Cette fois, Martine Noël-Maw s’est retrouvée aux côtés des Éditions Prise de parole de Sudbury, de Bouton d’or Acadie et de la maison manitobaine Apprentissage Illimité.

Un engouement marqué

La représentante des ÉNP s’était déjà rendue à la Foire du livre de Leipzig en mars dernier. « J’avais été très surprise de voir le nombre de personnes curieuses du fait francophone dans l’Ouest canadien. Ils étaient très intrigués du fait qu’on était les seuls à publier des titres bilingues, comme La Trahison de Laurier Gareau, La voix de mon père de Madeleine Blais-Dahlem. À la fin, on n’avait plus aucun livre. » La dualité linguistique canadienne semble captiver les lecteurs européens : « Ils regardent nos livres et pensent que tous les livres au Canada sont publiés dans les deux langues ! », rigole la traductrice.

En particulier, les Premières Nations et les grands espaces de l’Ouest nord-américain passionnent les lecteurs outre-Atlantique. « Le thème des peuples autochtones a souvent retenu une fascination pour beaucoup d’Allemands », perçoit Laurier Gareau. Ce dernier estime que la présence du cri dans l’ouvrage a aussi son importance : « C’est une façon d’initier le public allemand à un langage amérindien. »

Hommage au bison est rapidement devenu la meilleure vente des ÉNP. Après une première publication de 500 exemplaires, 1 000 copies ont été réimprimées. Ce récit d’un vieux conteur autochtone, narrant l’histoire du bison et son rôle dans la vie des peuples autochtones d’autrefois, fascine les Allemands.

Un intérêt qui, selon Martine Noël-Maw, remonte à plusieurs décennies : « Il y a un engouement qui date d’une série de livres publiés dans les années 1930-1940 par un Allemand qui n’a jamais mis les pieds au Canada et qui avait créé ce personnage de jeune autochtone vivant toutes sortes d’aventures. Du succès de cette série a découlé bien des activités, dont la création de villages autochtones en Allemagne où des gens vivent à l’année longue dans des tipis, habillés dans des vêtements de peaux. » Une initiative qui aurait vite fait d’être accusée d’appropriation culturelle au Canada mais qui est très bien vue en Allemagne.

Ce succès annoncerait-il le début d’une belle reconnaissance pour la littérature franco-canadienne de l’Ouest ? Laurier Gareau le croit, d’autant plus que le Canada sera le pays hôte d’honneur en 2020 de la Foire du livre de Francfort, une initiative chapeautée par Canada FBM2020, du Conseil des arts. Une nouvelle occasion, inouïe, de braquer les projecteurs du monde sur les éditeurs canadiens. « Il y a des retombées pendant au moins une décennie après, autant sur le plan littéraire que culturel et touristique », rapporte Martine Noël-Maw, déjà impatiente. L’aventure ne fait que commencer.

Article précédent La poésie de Jacques Prévert offerte aux tout-petits à Saskatoon
Prochain article « Il y a 35 ans que je te lis ! »: Spectacle hommage à la littérature fransaskoise
Imprimer
23691 Noter cet article:
Pas de note

L'Eau vive