Actualité littéraire

Lancement du livre de David Baudemont « Les pierres du Nil »

Un ouvrage qui fait rêver à l’aventure

David Baudemont

David Baudemont

Photo : Jean-Marie Michaud

Qui n’a pas rêvé, adolescent, de partir à l’aventure? 

Nous arrive-t-il encore d’y songer?

 

Voilà deux des questions qui me traversaient l’esprit jeudi, le 29 mai dernier, lors du lancement des « Pierres du Nil », le roman historique jeunesse de l’auteur David Baudemont. Je me suis vite rendu compte, après l’avoir lu tout d‘un trait, que si les aventures du célèbre Tintin s’adressent aux lecteurs de 7 à 77 ans, c’était aussi le cas de celles de Bernard et Karam. D’ailleurs, Raoul Granger nous rappelait avec sagesse, lors de ses présentations, qu’« on garde toujours une partie de jeunesse en nous ».


Cette publication a connu tout un parcours. En effet, c’est de 2001 à 2003 que l’auteur entraînait les élèves de la 7e et 8e année de l’École canadienne-française de Saskatoon dans un exercice de création littéraire qui marque encore aujourd’hui leur imaginaire. Une dizaine d’années plus tard, Natalie Soulodre, une des participantes, tenait à témoigner brillamment combien cette expérience enrichissante lui apporte encore l’inspiration de vivre sa vie pleinement : « l’expérience que j’ai vécue avec mes camarades de classe m’a poussée à réaliser mes rêves, et j’espère que bien d’autres élèves auront l’occasion de la vivre aussi. Il faut saisir les opportunités qui se présentent devant nous sans avoir peur de l’incertitude ».


Si l’ouvrage connut en France une première publication aux Éditions Magnard en 2006, il devait disparaitre deux mois plus tard, lorsque la collection fut retirée. 


Madame Suzanne Campagne, la directrice générale du Conseil culturel fransaskois (CCF), nous apprenait que c’est grâce à une heureuse entente de collaboration entre le CCF et la Nouvelle plume, la seule maison d’édition francophone de l’ouest canadien, que « Les pierres du Nil » revoit le jour. Madame Campagne a salué cette entente car « elle permet d’appuyer un des organismes qui travaille très fort, avec trop peu de ressources, à développer l’identité fransaskoise »


David Baudemont s’est montré très généreux lorsqu’il a pris la parole. Il nous a confié que « Les pierres du Nil » était né d’une promesse qu’il avait faite à ses étudiants après avoir fait mourir « Bernard », un de ses personnages dans « Les beaux jours », l’ouvrage précédent qu’il avait exploré avec ses élèves.


C’est son travail de géologue au Soudan, et l’observation des caravaniers du désert, qui lui fournit son point de départ. 


C’est ainsi qu’est né Karam, le fils d’un berger-caravanier, l’un des protagonistes de l’histoire, dont l’auteur a créé la belle illustration qu’on retrouve en page couverture, ainsi que toutes celles qui parsèment son ouvrage.


Les recherches de l’auteur lui ont permis de découvrir qu’un ingénieur canadien francophone, un certain Édouard Girouard, avait été engagé pour construire la voie ferrée qui amènerait les troupes de Khartoum jusqu’à la mine dont il est question dans l’histoire. C’est ainsi que Bernard devint son neveu.


La collaboration avec les élèves fut fertile, car même sans connaitre la mythologie égyptienne, deux des élèves ont inventé, en observant la topographie du désert soudanais, une créature égyptienne à tête de lionne, celle que l’auteur a identifiée dans son roman comme Sekhmet, la déesse du désert.


Le plus incroyable dans cette démarche est qu’elle a permis à David de découvrir par la suite que vers 1884, une centaine de Métis de la Saskatchewan et du Manitoba, dont un grand nombre de Batoche, avaient été envoyés par la Reine Victoria pour faire passer ses troupes de l’Égypte au Soudan. En effet, de tous les sujets du Commonwealth, ils étaient les plus aptes à remonter les rapides du Nil! À leur retour en terre canadienne, ils découvrirent que leur chef, Louis Riel, avaient été pendu. Il y a fort à parier que si tous ces hommes, dans la force de l’âge, avaient été présents lors des évènements de 1885, le cours de notre histoire aurait pu être changé... 


Sans l’enthousiasme et le support de Monsieur Gustave Dubois, le directeur de l’École Canadienne-française de l’époque, et de Marilyn Denis, qui enseignait durant cette période, avant de devenir directrice à son tour, ni ce roman ni celui qui le précède n’auraient vu le jour. Peut être étaient-ils sensibles à la valeur de l’expression créative dans le développement de nos jeunes et à la nécessité d’encourager leurs talents respectifs. Voilà sans conteste un signe d’un enseignement éclairé. Il est à souhaiter que cette clairvoyance bénéfique se perpétue dans toutes nos écoles.

 

Les mots de Suzanne Campagne, à la fin de la présentation, résonnent encore dans mes oreilles :

« Notre histoire, qui on est, comment on parle, notre langue maternelle, c’est toute l’âme de qui on est. De donner l’occasion aux jeunes de bien vivre et de créer, c’est leur donner l’occasion d’exprimer le coeur de qui ils sont. Les arts, la culture, et développer ces intérêts là, c’est leur donner la chance de développer et d’exprimer le coeur de qui ils sont. Merci David de donner à nos jeunes cette occasion là. »

 

Soyez nombreux à vous procurer « Les pierres du Nil »! Vous en apprécierez le voyage.

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