Haikus d'hiver Sébastien Rock À la fin de mon premier hiver dans les Prairies, il devait y avoir six centimètres de neige au sol, tout au plus, contrairement à ma région d’origine, le cœur du Québec, qui dormait souvent sous plusieurs dizaines de centimètres de neige. Par ailleurs, le froid légendaire des Prairies n’est pas encore parvenu, vingt ans plus tard, à me faire frissonner autant qu’auraient aimé mes concitoyens. Certes, nos vastes espaces sont à la merci de grands vents glaciaux, mais même les froids les plus intenses sont mitigés par un faible taux d’humidité. De plus, notre région est la plus ensoleillée du Canada. Nb. Ces haïkus bientôt publiés dans un recueil du même auteur, intitulé Le champ de lin, aux Éditions David. Reproduction autorisée par la maison d’édition. raquette de bouleau près de sa babiche durcie la crème hydratante journée de congé le lièvre blanc bondit tandis que je pellete rayons matinaux sur les bancs de poudreuse les anges de neige sur le pare-brise la fonte d’un flocon chanson d’Aznavour prairie toute blanche le plancheur s’envole gracieux au bout de sa voile Sébastien Rock Sébastien Rock a publié From the Morning Watch - haiku on the Book of Psalms, chez Basilian Media, Le champ de lin - haïkus des prairie aux éditions David, des poèmes dans les revues Gong, Haïku Canada Review, Ploc, Asahi et dans certains collectifs canadiens. Il contribue parfois à la Chronique Horizons du journal l'Eau vive. Il est un des co-fondateurs d'À ciel ouvert. Article précédent Le journal de Thésée - extraits Prochain article La Rouge Imprimer 9706 Balises: Sébastien Rock Articles connexes depuis la garde du matin Randonnée royale : Des haïkus et des Psaumes 150 Canadas De la supercherie
Un jour de grand vent (extrait) Mardi le 10 mai ’66. De bonne heure le matin, au Restaurant Lafontaine à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean. L’accent du Lac est présent à différents degrés chez les personnages. Il affecte en particulier Monsieur Pit, un sympathique septuagénaire à la retraite. Jeannot Lafontaine, douze ans, est debout derrière le comptoir. Il porte son uniforme d’écolier sous un tablier. Monsieur Pit est assis à son...
La Voie lactée Il était une fois, au fin fond du Far West canadien, dans une province au nom imprononçable, une cavalière redoutable.
Le grand barrage À défaut d'être aimé, Henri était respecté de tous les castors. Sa supériorité ne laissait aucun doute. On n'avait qu'à regarder son barrage pour comprendre qu'il était plus doué que les autres.
Knockout L’aiguille de glace qui arracha Victor Florkowski à la vie ressemblait à un ivoire de mammouth. Elle était aussi large qu’un pneu, aussi longue que la victime, et se rétrécissait en une pointe cristalline — à double tranchant — dont la beauté fatale resplendissait sous clair de lune.
Cantate pour légumes (Extrait) Au cœur de ce texte sont quatre êtres qui ont perdu leur voix, la capacité d’exprimer leur volonté et leur angoisse. Ancrés dans leurs fauteuils roulants, Asperge, Gourde, Navet et Asperge rêvent d’évasion. Dans les solos de la cantate, les légumes expriment leurs désires les plus profonds.
Triptyque - Micro nouvelles Au coin de l’avenue Idylwyld et la 23e un bip discontinu se fait entendre à ma gauche. Un clignotement sonore: on peut traverser. Entre les deux lignes on peut traverser. “Passez, monsieur. Priorité aux piétons.” Oui, on peut traverser. On peut traverser si les autos s’arrêtent.
Entreciel Sorties de l’entretoit des corniches des greniers de mille espaces connus d’elles seules oubliés par concierges et architectes, les hirondelles occupent dès le matin l’entreciel, la part élevée de Madrid, en rase-tête des habitants des terrasses jusqu’à la proximité des saints perchoirs, des croix des antennes, faisant fi de nos communications avec l’au-delà.
La mousse Maman, pourquoi c’est mouillé ici? C’est la mousse, mon chéri. Fais attention à ne pas glisser.
De la supercherie Cette réflexion est née d’un constat. La vie ne nous appartient pas. Elle nous a été léguée et nous la rendrons en même temps que notre dernier souffle.