Numéro 1 - Printemps 2017

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Haikus d'hiver


Haikus d'hiver

Sébastien Rock

À la fin de mon premier hiver dans les Prairies, il devait y avoir six centimètres de neige au sol, tout au plus, contrairement à ma région d’origine, le cœur du Québec, qui dormait souvent sous plusieurs dizaines de centimètres de neige. Par ailleurs, le froid légendaire des Prairies n’est pas encore parvenu, vingt ans plus tard, à me faire frissonner autant qu’auraient aimé mes concitoyens. Certes, nos vastes espaces sont à la merci de grands vents glaciaux, mais même les froids les plus intenses sont mitigés par un faible taux d’humidité. De plus, notre région est la plus ensoleillée du Canada.

Nb. Ces haïkus bientôt publiés dans un recueil du même auteur, intitulé Le champ de lin, aux Éditions David. Reproduction autorisée par la maison d’édition.


 

raquette de bouleau

près de sa babiche durcie

la crème hydratante

 

 

 

 

journée de congé

le lièvre blanc bondit

tandis que je pellete

 

 

 

 

rayons matinaux

sur les bancs de poudreuse

les anges de neige

 

 

 

 

sur le pare-brise

la fonte d’un flocon

chanson d’Aznavour

 

 

 

 

prairie toute blanche

le plancheur s’envole gracieux

au bout de sa voile

 

Sébastien Rock

Sébastien Rock

Sébastien Rock a publié "Le champ de lin" aux éditions David ainsi que d'autres haïkus dans les revues Gong, Haïku Canada Review, Ploc, Asahi. Il a également contribué à la Chronique Horizons du journal L'Eau vive. Il est un des co-fondateurs d'À ciel ouvert.

 

 

 

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Printemps 2017

Un jour de grand vent (extrait) Un jour de grand vent (extrait)

Mardi le 10 mai ’66. De bonne heure le matin, au Restaurant Lafontaine à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean. L’accent du Lac est présent à différents degrés chez les personnages. Il affecte en particulier Monsieur Pit, un sympathique septuagénaire à la retraite. Jeannot Lafontaine, douze ans, est debout derrière le comptoir. Il porte son uniforme d’écolier  sous un tablier. Monsieur Pit est assis à son...

La Voie lactée La Voie lactée

Il était une fois,
au fin fond du Far West canadien,
dans une province au nom imprononçable,
une cavalière redoutable.

Le grand barrage

À défaut d'être aimé, Henri était respecté de tous les castors. Sa supériorité ne laissait aucun doute. On n'avait qu'à regarder son barrage pour comprendre qu'il était plus doué que les autres.

Knockout

L’aiguille de glace qui arracha Victor Florkowski à la vie ressemblait à un ivoire de mammouth. Elle était aussi large qu’un pneu, aussi longue que la victime, et se rétrécissait en une pointe cristalline —  à double tranchant — dont la beauté fatale resplendissait sous clair de lune.

Cantate pour légumes (Extrait)

Au cœur de ce texte sont quatre êtres qui ont perdu leur voix, la capacité d’exprimer leur volonté et leur angoisse. Ancrés dans leurs fauteuils roulants, Asperge, Gourde, Navet et Asperge rêvent d’évasion. Dans les solos de la cantate, les légumes expriment leurs désires les plus profonds.

Triptyque - Micro nouvelles Triptyque - Micro nouvelles

Au coin de l’avenue Idylwyld et la 23e un bip discontinu se fait entendre à ma gauche. Un clignotement sonore: on peut traverser.  Entre les deux lignes on peut traverser. “Passez, monsieur. Priorité aux piétons.” Oui, on peut traverser. On peut traverser si les autos s’arrêtent.

Entreciel

Sorties de l’entretoit des corniches des greniers de mille espaces connus d’elles seules oubliés par concierges et architectes, les hirondelles occupent dès le matin l’entreciel, la part élevée de Madrid, en rase-tête des habitants des terrasses jusqu’à la proximité des saints perchoirs, des croix des antennes, faisant fi de nos communications avec l’au-delà.

La mousse La mousse

Maman, pourquoi c’est mouillé ici? 

C’est la mousse, mon chéri. Fais attention à ne pas glisser.

De la supercherie De la supercherie

Cette réflexion est née d’un constat. La vie ne nous appartient pas. Elle nous a été léguée et nous la rendrons en même temps que notre dernier souffle.

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