Horizons

Chronique littéraire publiée dans l'Eau vive

Martin Kakra-Kouame (EV)
/ Catégories: 2015, Société, Religion

Le djihad et l’État islamique (EI) : terrorisme au nom de Dieu ?

Le professeur Ron Wheeler partage ses réflexions

Le professeur Ron Wheeler (à gauche), professeur au Département d’études politiques de l’Université de la Saskatchewa aux côtés du professeur Martin Gaal de l'Université de la Saskatchewan et membre de la direction du Conseil international canadien.

Le professeur Ron Wheeler (à gauche), professeur au Département d’études politiques de l’Université de la Saskatchewa aux côtés du professeur Martin Gaal de l'Université de la Saskatchewan et membre de la direction du Conseil international canadien.


Photo: Martin Kakra-Kouame (2015)
SASKATOON - Face à l’extrême radicalisation de l’organisation État islamique (EI), différents chercheurs et universitaires multiplient et approfondissent les recherches afin de dévoiler les fondements doctrinaux et les tragiques conséquences des attaques meurtrières commises au nom de Dieu. Le professeur Ron Wheeler, professeur au Département d’études politiques de l’Université de la Saskatchewan, vient de donner une série de conférences à Saskatoon sur le phénomène de l’organisation de l’État islamique et de ses diverses ramifications djihadistes.

L’analyste politique a décliné le djihadisme sous trois de ses principales facettes : Le djihad: terrorisme au nom de Dieu? (Probus Club, Saskatoon, 13 mai 2015), L’État islamique et la 3e génération du djihadisme, (Conseil international canadien, Saskatoon, 23 avril 2015) et Qu’est-ce que le terrorisme? Perceptions culturelles et réponses, (Université de la Saskatchewan – Centre de formation, Saskatoon, 11 mars 2015).

Trois idées maitresses forment la trame des réflexions du professeur Wheeler :

Premièrement, se fondant sur le besoin d’expansion des territoires sous contrôle de Dieu au travers des guerres historiques de conquêtes, Ron Wheeler observe que «l'idéologie de l’islam impose aux musulmans le devoir de combattre pour la communauté de Dieu ». Ce devoir est connu sous le nom de djihad (en arabe « lutte, combat »). Quoique ce devoir s’impose à tout musulman, précise-t-il, « il s’est manifesté de manière plus continue pour ceux d’entre eux se situant dans les frontières du monde musulman, où les possibilités d’expansion étaient plus larges ».

Le politologue conclut que, selon les adeptes de cette conception de l’islam, «ce n’est qu’au travers de la poursuite du djihad que la manifestation du destin de l’islam de conduire le monde à la soumission à Dieu connaîtra un achèvement ».

A cet égard, Ron Wheeler rejoint d’autres analystes occidentaux de l’islam, notamment le sociologue français Jacques Ellul pour qui le « djihad est une obligation religieuse, partie intégrante des devoirs auxquels le croyant doit se soumettre; il s’agit ici du processus 'normal' par lequel l’islam opère son expansion».

Deuxièmement, ce postulat conduit Ron Wheeler à établir le constat, appuyé par les déclarations publiques des principaux dirigeants des mouvements djihadistes internationaux, que « l’islam n’est pas seulement une religion, mais également une idéologie politique. Si le gouvernement de la communauté musulmane est tout simplement le gouvernement de Dieu, alors aucun autre gouvernement ne pourrait être légitime ».

Troisièmement, l’analyse de Ron Wheeler révèle que pour les fondamentalistes, « tous les gouvernements du monde sont en guerre contre Dieu ». En conséquence, constate-t-il, « ces musulmans ont divisé le monde en deux zones, l’une connue sous le nom de Dar al-Islam, la maison de l’islam ou 'la maison de soumission' à Dieu, et l’autre, Dar al-Harb, la 'maison de la guerre', de ceux qui agissent contre Dieu, autrement dit, la communauté des 'infidèles' », terminologie habituellement utilisée par les partisans de l’islam extrémiste.

Toutefois, Ron Wheeler affirme porter le témoignage, puisé de ses nombreux séjours dans les pays du Moyen-Orient et de ses multitudes d’échanges avec des intellectuels et des politiques, arabes ou non, de confession musulmane, que « des millions de musulmans à travers le monde sont désireux d’entretenir des rapports pacifiques avec le monde occidental, aspirant à vivre dans une société de liberté et de démocratie». Pour autant, estime-t-il, « nul ne peut et ne doit sous-estimer la puissance de la violence du message contenu dans le djihad, source de l’aveuglement qui conduit les adeptes de l’État islamique à commettre des actes meurtriers 'au nom de Dieu'».

C’est à l’invitation de plusieurs groupes de réflexion et de mouvements associatifs de la Saskatchewan, dont notamment le Conseil international canadien (Forum de politique étrangère) et le Probus Club (Mouvement associatif des ainés), que le professeur Wheeler a partagé ses réflexions. Il est un observateur attentif des développements socio-politiques du Moyen-Orient et un analyste pointilleux du printemps arabe sur lequel il a produit de nombreux articles et analyses spécialisées.


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