Tragédie invisible à nos portes
Si je vous apprenais qu’en trente ans 28 000 femmes ont été assassinées ou sont disparues au Canada, vous réclameriez sans doute que nos dirigeants se penchent rapidement sur ce problème. Et si le gouvernement déclarait que ce n’est pas assez important pour une enquête publique, vous seriez scandalisés.
C’est pourtant, toute proportion gardée, ce qui se passe avec les Autochtones au pays. Selon la Gendarmerie royale du Canada (GRC), il y aurait eu 1 017 cas de meutres ou disparitions de femmes autochtones non résolus au cours des trente dernières années, soit un moyenne de 34 femmes par année. Pour une population d’environ 1,2 millions de personnes.
Malgré les pressions des groupes autochtones, des partis d’opposition et même d’un observateur des Nations Unies, le gouvernement Harper persiste à refuser toute enquête publique dans ce dossier. Le Premier ministre défend cette position en affirmant qu’il y a une quarantaine d‘études en cours ou complétées sur le sujet et que la GRC est active dans ce dossier.
Le problème, c’est que tout cela se passe derrière des portes closes. L’autre problème, c’est que ça continue.
Le rôle d’une enquête publique serait d’exposer ce problème social et humain au grand jour afin que la population, les élus, les corps policiers, ne puissent plus l’ignorer.
On a beaucoup parlé des deux solitudes de ce grand pays. Le silence entourant cet enjeu démontre, des fois que nous l’aurions oublié, qu’il en existe une troisième, la plus oubliée.