Numéro 1 - Printemps 2017

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Exister


Exister

Lyne Gareau (Colombie-Britannique)

L'art de décloisonner

L'art de décloisonner

David Baudemont - Aquarelle et fusain sur papier

LUMIÈRE

Sur les toits comme des écureuils
les cheminées forgent en silence 
leurs secrets tordus

Un à un les étages s’illuminent 
chaque éclaircie sonne l’heure
chaque carreau s’émiette de lumière

Les étoiles étirent
leurs tentacules inachevés
se perdent en visages de miroirs
avant de revenir 
sages 
comme autant de ciels ordinaires
en bordure du vent

sur les vitres lointaines
que viendra consoler la noirceur

 

IL EXISTE POURTANT

Il existe pourtant
Des mois de trente et un jours
Des corbeaux endormis
Des robes de nuits en lambeaux

Il existe pourtant
Des moustiques fatigués
Des cabanes vidées
Des bonbons au chocolat

Il existe pourtant
Une vérité autre que la mienne
Une vérité autre que la tienne

Un advienne que pourra
Un advienne tu diras

Advienne que les contes de fées 
N’ont plus de héros au cœur pur

Advienne que les tout-puissants s’étouffent de rire 
À gorgées déployées
En rotant des ordures  

Advienne qu’on enferme
La vérité dans un zoo  
En la laissant trembler 
Jambes et épaules nues

Advienne qu’on fouette de silence
Le voile infernal 

Et pourtant 
Et pourtant
Et pourtant nous existons.

 

TU EXISTERAS

Un jour tu existeras
Et je te dirai
Pourquoi n’as-tu pas existé avant 

Mais j’existais 
C’est seulement que toi 
Toi
Tu n’existais pas

Ah bon
Alors c’est ma faute?

Il y aura un moment de silence
Nous réfléchirons à ce qui existe
Ce qui n’existe pas
Ce qui pourrait exister
Ce qui existe en secret
Ce qui existe trop ou trop peu

Nous nous prendrons par la main et d’un grand geste nous tracerons une courbe devant nous
Pour écarter toutes conjectures, toutes questions, toutes incertitudes

Apparaitra alors un grand tableau blanc
Ou noir ou vert  

Ce sera un champ d’ardoise ou d’acier
Un mur auquel nous chuchoterons ensemble
Comme une prière
Tous nos coquins secrets

 

REGARDE CE QUE J’AI TROUVÉ

Dans ma maison, il y a un petit bleu

Mon petit bleu à moi
Mon petit bleu silence
Mon petit bleu froid
Mon petit bleu fenêtre éteinte

Chandelle triste de mon île
Fleuve déchiré

J’habite mon petit bleu
Comme une pierre

Il m’habite aussi
Comme le vent
Comme la fin

Trop studieux mon petit bleu
Trop naïf mon petit bleu
Trop cassé mon petit bleu
Trop fatigué mon petit bleu
Trop
Trop 
Bleu

Et pourtant

Je l’étreins
Je le ciel
Je le passage et le provoque
Je le demain

Je le verse tout doucement
Sur ma forêt d’éternités.

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Le secret de Luca
RAFA-ACO-10-2023
125 ans de francophonie au Yukon

Printemps 2017

Un jour de grand vent (extrait) Un jour de grand vent (extrait)

Mardi le 10 mai ’66. De bonne heure le matin, au Restaurant Lafontaine à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean. L’accent du Lac est présent à différents degrés chez les personnages. Il affecte en particulier Monsieur Pit, un sympathique septuagénaire à la retraite. Jeannot Lafontaine, douze ans, est debout derrière le comptoir. Il porte son uniforme d’écolier  sous un tablier. Monsieur Pit est assis à son...

La Voie lactée La Voie lactée

Il était une fois,
au fin fond du Far West canadien,
dans une province au nom imprononçable,
une cavalière redoutable.

Le grand barrage

À défaut d'être aimé, Henri était respecté de tous les castors. Sa supériorité ne laissait aucun doute. On n'avait qu'à regarder son barrage pour comprendre qu'il était plus doué que les autres.

Knockout

L’aiguille de glace qui arracha Victor Florkowski à la vie ressemblait à un ivoire de mammouth. Elle était aussi large qu’un pneu, aussi longue que la victime, et se rétrécissait en une pointe cristalline —  à double tranchant — dont la beauté fatale resplendissait sous clair de lune.

Cantate pour légumes (Extrait)

Au cœur de ce texte sont quatre êtres qui ont perdu leur voix, la capacité d’exprimer leur volonté et leur angoisse. Ancrés dans leurs fauteuils roulants, Asperge, Gourde, Navet et Asperge rêvent d’évasion. Dans les solos de la cantate, les légumes expriment leurs désires les plus profonds.

Triptyque - Micro nouvelles Triptyque - Micro nouvelles

Au coin de l’avenue Idylwyld et la 23e un bip discontinu se fait entendre à ma gauche. Un clignotement sonore: on peut traverser.  Entre les deux lignes on peut traverser. “Passez, monsieur. Priorité aux piétons.” Oui, on peut traverser. On peut traverser si les autos s’arrêtent.

Entreciel

Sorties de l’entretoit des corniches des greniers de mille espaces connus d’elles seules oubliés par concierges et architectes, les hirondelles occupent dès le matin l’entreciel, la part élevée de Madrid, en rase-tête des habitants des terrasses jusqu’à la proximité des saints perchoirs, des croix des antennes, faisant fi de nos communications avec l’au-delà.

La mousse La mousse

Maman, pourquoi c’est mouillé ici? 

C’est la mousse, mon chéri. Fais attention à ne pas glisser.

De la supercherie De la supercherie

Cette réflexion est née d’un constat. La vie ne nous appartient pas. Elle nous a été léguée et nous la rendrons en même temps que notre dernier souffle.

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