Numéro 1 - Printemps 2017

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À l'Alberta


À l'Alberta

Danièle Petit - Poème

Image
Illustration : Sharon Pulvermacher
Plat, plat, plat

Toute à l’horizontale

Se plaignent les nouveaux arrivés

Morne plaine à longueur de route

Gémissent les voyageurs ankylosés.

Province rigide ; enracinée, figée dans ses principes

Murmurent ses détracteurs.

 

Vraiment ?

Perdue dans les brumes du passé, la bouillonnante Alberta

Qui comme un volcan crache à la gueule du pays

Son énergie, sa jeunesse, sa soif de reconnaissance ?

 

Vraiment ?

Sans intérêt cette contrée

D’une inculture devenue culture

Qui, petit à petit, force les remparts des préjugés

Académiques et intellectuels des « bobos » estriens,

Américains, européens, africains

Stagnante l’Alberta ?

Nostalgiques les rocheuses ?

Plane la plaine dites-vous ?

 

 

Ravagée, labourée, sculptée par les vents du nord,

Caressée par le souffle chaud du Chinook

Qui l’hiver glisse du rempart des montagnes,

Elle cache maints villages, maintes histoires

Forgés par les nouveaux arrivants

Qui depuis plus d’un centenaire

Déferlent sur ses terres…

Que leur importe la saveur du café

L’absence de vins de qualité

Ou même d’un service raffiné

Ce sont leurs rêves de survie, de liberté, de richesses

Qu’ils sont venus chercher et qu’elle leur offre.

Terre rude, mais généreuse.

Difficile aussi

Parce que si vaste

Parce que si multiculturelle

Parce que si convoitée

Pour son pétrole, sa nature brute

La fécondité de ses champs,

Aujourd’hui la puissance de ses vents

L’infinité de ses possibilités.

 

L’Alberta

Secouée par les convulsions que lui imposent

La mondialisation, la sauvegarde de l’environnement

Les vagues incessantes de nouveaux venus

Impatients de l’apprivoiser, parfois de la piller

Mais rarement de se l’approprier comme terre mère !

Terre convoitée et méprisée elle finit pourtant,

Si vous n’y prenez garde, par vous ensorceler

Et vous en serez tout étonné.

Danièle Petit

Danièle Petit

Née en France Danièle a grandi en Touraine ce qui lui laisse une certaine nostalgie pour les toits d’ardoises et la douceur de vivre. Une envie de bouger et de découvertes la mène au Canada en 1967. Elle en fera son pays d’adoption dès son arrivée dans l’ouest. Installée à Edmonton depuis 1971, le ciel des Prairies, le vent et l’espace ouestrien sont devenus depuis longtemps sources d’inspiration pour Danièle tout comme les multiples rencontres qui ont alimenté les émissions qu'elle a animé et réalisé pour CHFA-Radio-Canada pendant plus de 20 ans. Maintenant à la retraite, Danièle envisage une autre vie; la peinture et l ‘écriture. Pas toujours facile le parcours d’une autodidacte mais les encouragements des professeurs, des amis et pairs ainsi qu’une vraie passion pour les pinceaux, la couleur,les mots, la multitudes de possibilités à explorer ont convaincu Danièle que c’est un chemin, comme celui du pèlerin, qu’il faut apprivoiser et poursuivre malgré la lenteur de la progression et surtout pour l’infini des découvertes qu’on peut y rencontrer.

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Printemps 2017

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Triptyque - Micro nouvelles Triptyque - Micro nouvelles

Au coin de l’avenue Idylwyld et la 23e un bip discontinu se fait entendre à ma gauche. Un clignotement sonore: on peut traverser.  Entre les deux lignes on peut traverser. “Passez, monsieur. Priorité aux piétons.” Oui, on peut traverser. On peut traverser si les autos s’arrêtent.

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Sorties de l’entretoit des corniches des greniers de mille espaces connus d’elles seules oubliés par concierges et architectes, les hirondelles occupent dès le matin l’entreciel, la part élevée de Madrid, en rase-tête des habitants des terrasses jusqu’à la proximité des saints perchoirs, des croix des antennes, faisant fi de nos communications avec l’au-delà.

La mousse La mousse

Maman, pourquoi c’est mouillé ici? 

C’est la mousse, mon chéri. Fais attention à ne pas glisser.

De la supercherie De la supercherie

Cette réflexion est née d’un constat. La vie ne nous appartient pas. Elle nous a été léguée et nous la rendrons en même temps que notre dernier souffle.

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