Mot du Comité d’édition Bienvenue à notre 3e numéro Nous en voici à notre deuxième année de publication. Nous espérons vous offrir dans notre troisième numéro un ciel encore plus ouvert à la créativité et à la communauté des écrivains et des artistes des Prairies. De prime abord, nous inaugurons un article d’opinion sur invitation. Le sujet le plus approprié du moment nous semblait évident : la situation de la femme face à la reconnaissance et à la diffusion littéraire. Nous remercions Madeleine Blais-Dahlem d’avoir accepté de partager ses opinions dans ce premier éditorial. Il n’est pas surprenant que notre éditorialiste cite d’emblée les défis de l’isolement géographique et le statut linguistique avec lesquels nous nous devons de composer. Une autre forme d’isolement existe, hélas, et peut ériger des barrières entre les différentes activités artistiques d’une communauté. Justement pour éviter cela, depuis notre premier numéro nous avons intégré à la revue des exemples du travail des artistes visuels à la parole littéraire. Nous poursuivons de la même manière aujourd’hui en ajoutant un article qui reconnaît la parenté naturelle entre la poésie et la chanson dans notre version du Questionnaire de Proust avec les réponses d’un de nos géants de la musique fransaskoise, Michel Lalonde. Il est certainement de mise d’explorer les horizons des créateurs dans une revue qui publie des écrits originaux. Nous sommes donc heureux de reproduire aussi une entrevue de l’Eau vive avec un des nôtres, David Baudemont. Le mot horizons nous permet aussi de diriger votre attention vers les liens et onglets de notre site Web. À noter surtout la chronique « Horizons » lancée et dirigée par Mychèle Fortin dans le même journal bimensuel. Au-delà du bon travail des maisons d’édition – avec leur propre mandat de publier des livres – Mychèle a aussi reconnu le besoin d’une vitrine ponctuelle pour promouvoir les écrits plus modestes de nos auteurs. Consultez donc le répertoire des délices et des extraits de « Horizons ». Vous y trouverez de quoi occuper une heure ou deux de lecture. Puis – a-t-on besoin de le signaler ? – les enseignants y trouveront de riches matières pour leurs classes. La gérance de la revue nous pose, certes, de nouveaux défis à la suite et dans l’anticipation de chaque numéro. Ceci est le deuxième numéro où la sélection des textes est passée par un Comité de lecture. On veut bien refléter la gamme de l’activité littéraire des Prairies, mais tout en veillant sur une qualité professionnelle dans la publication. Dans un bassin assez restreint, nous constatons ainsi le besoin d’une opinion extérieure (un membre qui demeure hors de la Saskatchewan). Nous envisageons également de recourir de temps à autre à l’expérience d’un(e) spécialiste dans un genre particulier, selon les soumissions reçues. Et pour contrevenir à une autre forme d’isolement, les membres du Comité d’évaluation se regroupent pour en arriver à une opinion collective. Nous voulons surtout encourager des soumissions des écrivain(e)s de partout dans les Prairies et de toutes les régions : du nord et du sud, des centres urbains et ruraux. Nous aimerions aussi accueillir des gens qui s’intéressent à la gérance bénévole de la revue. Pour ces deux raisons, nous avons l’intention d’organiser une réunion générale qui coïncidera avec les dates de la Retraite annuelle parrainée par la CCF et le Cercle des écrivains de la Saskatchewan au mois d’août où il y aura un regroupement d’auteurs déjà sur place. À toutes et à tous, on vous souhaite de belles découvertes ! Le Comité d’édition N.B Nous reconnaissons le principe du statut professionnel des auteurs et nous aimerions souligner ici nos remerciements aux organismes et aux individus dont l’appui permet un versement de cachets aux auteur(e)s et aux artistes et facilite le travail de rédaction et de diffusion d’À ciel ouvert deux fois par année. L’opération de la revue se fait sans but lucratif et des contributions monétaires peuvent être effectuées au lien suivant : http://www.acielouvert.ca/dons Merci de considérer un don. Imprimer 3434
Un jour de grand vent (extrait) Mardi le 10 mai ’66. De bonne heure le matin, au Restaurant Lafontaine à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean. L’accent du Lac est présent à différents degrés chez les personnages. Il affecte en particulier Monsieur Pit, un sympathique septuagénaire à la retraite. Jeannot Lafontaine, douze ans, est debout derrière le comptoir. Il porte son uniforme d’écolier sous un tablier. Monsieur Pit est assis à son...
La Voie lactée Il était une fois, au fin fond du Far West canadien, dans une province au nom imprononçable, une cavalière redoutable.
Le grand barrage À défaut d'être aimé, Henri était respecté de tous les castors. Sa supériorité ne laissait aucun doute. On n'avait qu'à regarder son barrage pour comprendre qu'il était plus doué que les autres.
Knockout L’aiguille de glace qui arracha Victor Florkowski à la vie ressemblait à un ivoire de mammouth. Elle était aussi large qu’un pneu, aussi longue que la victime, et se rétrécissait en une pointe cristalline — à double tranchant — dont la beauté fatale resplendissait sous clair de lune.
Cantate pour légumes (Extrait) Au cœur de ce texte sont quatre êtres qui ont perdu leur voix, la capacité d’exprimer leur volonté et leur angoisse. Ancrés dans leurs fauteuils roulants, Asperge, Gourde, Navet et Asperge rêvent d’évasion. Dans les solos de la cantate, les légumes expriment leurs désires les plus profonds.
Triptyque - Micro nouvelles Au coin de l’avenue Idylwyld et la 23e un bip discontinu se fait entendre à ma gauche. Un clignotement sonore: on peut traverser. Entre les deux lignes on peut traverser. “Passez, monsieur. Priorité aux piétons.” Oui, on peut traverser. On peut traverser si les autos s’arrêtent.
Entreciel Sorties de l’entretoit des corniches des greniers de mille espaces connus d’elles seules oubliés par concierges et architectes, les hirondelles occupent dès le matin l’entreciel, la part élevée de Madrid, en rase-tête des habitants des terrasses jusqu’à la proximité des saints perchoirs, des croix des antennes, faisant fi de nos communications avec l’au-delà.
La mousse Maman, pourquoi c’est mouillé ici? C’est la mousse, mon chéri. Fais attention à ne pas glisser.
De la supercherie Cette réflexion est née d’un constat. La vie ne nous appartient pas. Elle nous a été léguée et nous la rendrons en même temps que notre dernier souffle.