L’argument liquide de l’amour
Laurent Poliquin (Manitoba)
Les éclats de la nuit
Crédit : Laurent Poliquin
l’argument liquide de l’amour
s’étendant plus loin que le fleuve
car la source s’alimente
dans de hautes prairies
parle une langue ancienne
celle d’une auberge dans le vent
à l’esprit tendu
par des tentations nocturnes
à chaque mouvement
chaque plongée éolienne
dans l’instant de ces yeux
qui s’abreuvent entre eux
désarçonne des douleurs
à pas serrés
des cœurs explorent des tumultes
alors que des miasmes de pluie
rompent les falaises
de la ferveur du monde
***
j’aime
les voûtes de ses baisers fredonnés
explorant des cyclones
ceux qui roulent dans l’ardeur de l’attente
j’aime
ces chapelles en ruine
abritant l’arcane des souvenirs
supplice de minuscules vies dont parle Michon
j’aime les approches quand tout fuit
les déclarations figeant les vitres dans les regards
j’aime ce poids de métamorphose dans ces corps
ces rondeurs de naissance
qui ne mentent pas sur les bébés à naître
ces écartèlements de la voix débitant des fables
obstinément belles
précipitant ma patience dans l’urgence d’écrire
j’aime la fureur volcanique
quand un essaim amoureux se forme
à la frontière de mes mains
ces regards tentaculaires qui se posent devant moi
j’aime les audaces du songe
celles qui favorisent la présence
cette nudité qui n’ignore pas la flèche de cupidon
j’aime la chute irrésolue du vase
quand la volonté d’un mot le retient
le lit vertigineux qui protège le fracas de la vie
j’aime la fonte des lèvres
qui fredonnent l’événement
d’une nuit guérie de son crépuscule
le cœur biseauté
la brûlure du forgeron
ces décrets qui brûlent
capables d’élire la grâce au rang de canicule
j’aime les doutes du jour
quand il fait soleil
ça ne me dérange pas
que coule la chaleur comme le sommeil
une nuit emmitouflée de neige
j’aime tous les rêveurs de désir
toutes les convulsions des feuilles craquantes sous les pas
toutes les heures futures qui dévorent des instants
libérant des cris de lucidité
ces chanteurs impopulaires
ces poèmes trop compliqués
ces mots qui font mal
pas parce qu’ils font mal
parce qu’ils font ils fuitent
habiles spasmes
refusant le repos du plaisir
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