Les découpeuses
Zoé Fortier
Trois poèmes inspirés des anecdotes sur l’apiculture que mon père m’a racontées.
Vitrail
Un buisson enrosé,
ses joues joyeuses
endormies sur l’herbe.
Feuilles douces,
perforées, les veines
exposées et scintillantes
Le vitrail éventré
sur la main de mon père,
un songe
bleu nuage,
luzerne prune,
puis
autour de nous,
un bourdonnement mécanique
plus fort que celui
des découpeuses.
Nimbus
L’organe bleu
vibre sur la colline.
Autour de lui,
des fils
suspendent
des milliers
de venants.
Brouillard planant,
passages noués,
les départs / les arrivées
Le courant d’ailes soulève
Poussière, pollen, feuilles
séchées et sueur d’hommes.
les départs / les arrivées
Luzerne frisée,
découpages et
Morphée bleue.
Citadelle de butineuses,
spectre vivant,
battant bleu,
bourdonnant.
L’océan violet
Il disait de toi,
que tu préférais les feuilles douces,
le bleu et puis l’orange,
c’est pourquoi ton abri
avait la couleur du ciel
printanier ou celui d’automne.
Quand le soleil rose flottait
derrière le brouillard brulant des moissonneuses,
tu t’étais déjà endormie dans un champ,
et ces fragments de toi
que tu avais enveloppés
de feuilles douces et de bouchées de pétales,
rêvassaient déjà,
en imaginant l’océan violet
qui les attendait.
Zoé Fortier
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