Les quelques enjambées que je fis
La vie agonisante, je me rapprochai
L’arc-en-ciel de l’espoir, j’ai retrouvé
Mon âme à l’enfer se refusait.
De lait de chamelle, j’avais été gavée
Mon corps dans le sable prit forme
Mais le cache-cache demeurant favori
La transformation fut sauvage, la nature altérée.
Ce jour noir peint de soleil
Pourtant mère m’avait rassuré, donc encore cinq saisons
Sautant, chantant, gambadant dans le pâturage
De ma frêle allure, la capture n’avait égard.
J’étais enfant, je voulais le rester
Tapis sous le couvert maternel,
Reverdissant à toutes épopées
Contées sous les veilles de nouvelles lunes.
De ma frêle allure, la capture s’en moquait
Dans le dos, j’étais poignardée femme
Épouse, on m’y crucifia
Maudissant sans cesse le présent meurtrier.
Dans le dos, j’étais poignardée épouse
Femme, je devrais le devenir
Les soupirs et l’amertume avaient réveillé l’instinct
Femme, mon corps s’y refusait.
Mes jambes à mon cou, je joignis
La poudre d’escampette, je pris
Scellé fut mon sort, fini innocence
Adieu enfance, adieu insouciance.
J’étais enfant, je voulais le rester
De force, je fus précipitée
L’enfer d’une vie adulte m’accueillait
D’une main, le bâillon se posa.
Huit mains m’avaient transportée
Les ‘’bassimam’’(laissez-moi) que je vociférai
N’avaient ému personne, personne
Rudesse de vie, rapace, vorace, tenace.
Les coups de pied par-ci
Les coups de bras par-là
Des morsures de part et d’autre
Des petits coups, de petites morsures.
Dans une case j’étais jetée
Les cris stridents des mères
À mes oreilles parvenus, me transpercèrent
Irriguant ma désolation, séchant mon innocence.
À mon absence le mariage fut scellé
Le père, fier, mâchait sa cola
Expliquant à ses pairs l’indicible exploit
L’école et les filles ne faisant bon ménage.
À mon absence le mariage fut scellé
Les noces trois lunes durèrent
Tantes et sœurs se saupoudraient
Mon cœur à la fête n’y tenait, je n’y étais.
Dans la nuit noire, j’y fus précipitée
Je me déchirai de partout
Le soir, l’homme, le mari viendra
Son dû lui sera rendu, deux matrones seront là.
Elles appuieraient par-ci
Elles attraperaient par-là
Les genoux écartelés, on me tiendra
Lancinante sera la douleur.
Mais dans l’espérance de la mort
Le glas de mon enfance je le sonne
Les noces lugubres n’auront lieu
Ils entendront mon soupir, le dernier.
Les râles de mon corps mourant
Emporteront les déconfitures de la vie
L’âme en larmes retournera précoce
Dans le paradis du Bon Dieu.
Et moi, je les hanterai âprement
Je les poursuivrai de ma lance aiguisée
Le châtiment nullement ne s’éteindra
En enfer, ils ne l’emporteront guère.