Le CCF cherche des fonds pour exporter ses artistes
Suzanne Campagne, directrice générale du Conseil culturel fransaskois
Photo: Sébastien Németh (2015)
REGINA - Le Conseil culturel fransaskois (CCF), organisme porte-parole de la communauté culturelle et artistique francophone, demande l’appui de Creative Saskatchewan pour aider les artistes à conquérir de nouveaux marchés.
100 000 dollars par an. C’est la somme dont le CCF estime avoir besoin pour développer l’industrie culturelle, surtout musicale, hors de la Saskatchewan. L’organisation estime que le secteur artistique de la province est trop étriqué pour que les musiciens francophones vivent de leurs œuvres. Or ceux qui tentent l’aventure ailleurs se retrouvent souvent démunis.
« Avec cet argent, nous pourrions employer une personne chargée de défendre l’intérêt de nos artistes professionnels, et organiser par exemple cinq ou six tournées au Québec et même en France », explique Suzanne Campagne. Selon la directrice générale du CCF, beaucoup de Fransaskois sont des descendants de Français ou Québécois, et développer des réseaux là-bas leur donnerait l’occasion de monter sur scène ailleurs dans le monde.
Refus de subventionner
Le CCF demande ainsi l’aide de Creative Saskatchewan, l’agence provinciale créée en 2013, officiellement chargée d’aider les talents de la province à conquérir des marchés.
Or Creative Saskatchewan refuse d’accorder des fonds car le CCF touche déjà des subventions de SaskCulture. L’organisation à but non lucratif, dont l’argent provient des loteries, fournit en effet 238 à 280 000 dollars annuels. Une somme conséquente pour le CCF dont le budget s’élève à environ 1,3 million de dollars. Suzanne Campagne reconnaît d’ailleurs que le Conseil culturel est «très bien servi par SaskCulture. Nous sommes enviés par d’autres provinces. »
Mauvaise compréhension
Pour autant, cette enveloppe est accordée pour que le CCF développe la politique culturelle au sein des communautés de la Saskatchewan. La directrice estime que le second mandat de l’organisation, aider les artistes à s’exporter, est oublié. «Je ne pense pas que Creative Saskatchewan soit de mauvaise foi. Je pense simplement qu’ils comprennent mal notre mission et qu’ils ne saisissent pas bien le rôle que nous jouons. »
Pour Suzanne Campagne, les artistes fransaskois sont trop seuls et ont besoin d’organismes comme le CCF pour développer des structures, des partenariats, faire des formations, créer des mentorats, etc. La position de Creative Saskatchewan, et son refus d’accorder des subventions « freine les possibilités de service offerts à nos artistes. Cela veut dire moins de rayonnement pour la culture fransaskoise ».
Creative Saskatchewan répond
Erin Dean, responsable des programmes à Creative Saskatchewan, explique qu’une rencontre a eu lieu il y a quelques mois avec le CCF. Elle indique qu’à l’époque, son organisation avait refusé d’accorder des fonds par crainte de voir cet argent distribué directement aux artistes. « Nous accordons déjà des subventions à titre individuel aux artistes qui déposent des demandes, qu’ils soient anglophones ou fransaskois. Nous ne voulions pas que le CCF crée un nouveau programme de soutien financier, alors que nous le faisons déjà. Maintenant, nos deux organisations ont le même objectif : assurer le succès de nos artistes. Il suffit juste de trouver la meilleur façon de le faire », indique Erin Dean, qui se dit prête à une nouvelle rencontre.
L’appel du CCF a peut-être été entendu. Selon Suzanne Campagne, un entretien entre les deux organisations est prévu cette semaine.