Actualité littéraire

Les organismes fransaskois misent sur la prescription sociale

Dans le cadre du Forum Santé 2025 les 30 et 31 mai, une table ronde composée de plusieurs organismes fransaskois s’est penchée sur le rôle du milieu associatif dans le bien-être et la santé mentale de la communauté.

C’est la docteure Solange van Kemenade, analyste de recherche à l’Université d’Ottawa, qui a animé la table ronde en plaçant l’emphase sur le concept de prescription sociale.

Cette approche se définit par l’orientation des patients par des professionnels de santé vers des ressources non médicales offertes dans la communauté afin de répondre aux besoins liés à la santé mentale.

Des accompagnateurs santé

Afin d’illustrer le concept, Roger Gauthier, ancien directeur du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS), a présenté le Service d’accompagnement santé.

Le projet recrute des personnes pour guider les patients à travers le système de santé, auprès d'un médecin, d’un pharmacien, d’un thérapeute ou encore d'un dentiste.

L'accompagnateur joue deux rôles : accompagner et interpréter. Accompagner exige de comprendre les besoins du patient tandis qu’interpréter implique de pouvoir traduire la communication médicale du patient.

« Les accompagnateurs viennent de la communauté et ont une bonne connaissance de l'anglais et du français. L'important est que les accompagnateurs offrent aux patients la possibilité d’avoir un service de qualité », a déclaré l’ancien responsable.

« Ce n'est peut-être pas de la prescription sociale comme telle, mais ça s'inscrit dans cette dynamique. L’accompagnateur est là pour transmettre cette prescription sociale au patient. »

Un sondage révélateur

Frédérique Baudemont, ancienne directrice du RSFS, a récemment mené un sondage pour le compte de Vitalité 55+ et du RSFS en rapport avec les besoins en santé de la communauté fransaskoise.

« Une chose qui est ressortie, c'est que ça fonctionne mieux quand il y a un lien fort entre les services cliniques et les services non cliniques », a-t-elle rapporté.

« On s'est rendu compte qu’il y a des partenariats qui se font entre le système de santé et des organismes à but non lucratif en Saskatchewan. Ce sont des partenariats qui fonctionnent et qui sont en développement. Mais la francophonie n'est jamais là, elle n'est jamais concernée », regrette-t-elle.

Malgré cela, une nouvelle est encourageante selon Frédérique Baudemont : « 71 % des répondants disent faire de l'activité physique, 55 % des activités dans la communauté, 44 % des activités sociales, 20 % des séances thérapeutiques. Ça montre que les gens se prennent en main. »

C’est dans cet esprit que Francine Proulx-Kenzle donne des cours de premiers soins en santé mentale dans le cadre d’une initiative du RSFS.

« Le cours outille les gens pour qu’ils prennent soin d'eux-mêmes ainsi que des membres de la communauté, explique la formatrice. Je vois beaucoup de va-et-vient dans cette capacité de soin pour soi et pour ses proches. »

Le social au pluriel

Appolinaire Fotso, directeur de l’Association des parents fransaskois (APF), a souligné quant à lui la dimension sociale de la prescription.

« L'APF a dans son mandat de soutenir l'éducation en français et la transmission de l'identité francophone, surtout pour les parents nouveaux arrivants. On contribue à briser l'isolement des parents », a-t-il expliqué.

Et d’ajouter : « Les parents se trouvent également dans un monde en évolution, donc nous organisons des activités qui les aident à comprendre, à acquérir les compétences culturelles et à naviguer ce monde qui est différent de l'environnement de départ. »

Du côté de l’Association jeunesse fransaskoise (AJF), Baptiste Labrie-Boulay a mentionné le fait qu’en plus des événements de grande ampleur comme Francofièvre et les Jeux de la francophonie canadienne, l’organisme coordonne des activités sociales, notamment de sport.

« Ce qu'on offre aux jeunes, c'est une forme de prescription sociale. C’est pour huiler la machine et faire en sorte que les jeunes s’impliquent et sachent qu’il y a une communauté. »

L’agent de liaison va même plus loin : « Peut-être qu’un jour un médecin pourrait prescrire à un jeune de sortir de son isolement, de son sous-sol et de ses jeux vidéo. »

Enfin, pour Éric Lefol, directeur général de Vitalité 55+, le principe de prescription sociale est d'intégrer les ressources communautaires dans le parcours de tout individu, y compris avant qu'il devienne un patient dans le système de santé.  

« On a des groupes en milieu minoritaire francophone qui font énormément de travail pour apporter des services au public. »

« Le problème qu'on a, c’est de faire en sorte que le médecin familial soit au courant des ressources qui existent en français pour qu’il puisse diriger ses patients vers ces ressources-là », a-t-il ponctué.

Et de conclure : « On ne peut pas s'attendre à ce que tout professionnel de santé ait dans sa tête un catalogue des associations fransaskoises. Ce n'est pas possible. C’est à nous de nous organiser. »

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