Numéro 1 - Printemps 2017

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Il était une fois

Il était une fois

Il était une fois

Jean-Pierre Caissie

Il était une fois, dans l’Ouest, une rencontre dans un café coincé entre une librairie et une avenue achalandée.

De cette rencontre, une collaboration allait prendre vie, et ce, malgré le froid cru du début janvier qui régnait sur Saskatoon.

Autour de la table, on s’est rapidement entendu sur un projet d’édition qui rassemblerait des auteurs et autrices des Prairies canadiennes et de l’Acadie. La prémisse était simple : l’acte d’écrire en français est un travail ardu qui se fait dans des zones d’ombre parsemées çà et là sur le continent. Éditer le fruit de ce travail, c’était une façon de le porter à la lumière.

Écrire en français, que ce soit dans l’Ouest ou dans l’Est du pays, c’est avant tout un acte de résistance contre la marée montante de la culture anglo-américaine dominante. La langue française doit avoir, pour se développer, des occasions d’être exprimée publiquement, d’être entendue et, dans ce cas présent, d’être lue. Par ailleurs, on a souvent l’impression que les grands centres de la littérature francophone sont à mille lieues du Canada français et font la sourde oreille aux écrits qui proviennent de la périphérie.

Pour reprendre, avec un brin d’humour, l’image stéréotypée tant associée aux côtes maritimes, on peut affirmer que les revues de création littéraire À ciel ouvert et Ancrages servent de phare, de point de repère dans la brume, tout comme le silo à grains annonce l’arrivée prochaine du village au milieu des plaines. Dans les deux cas, ces structures annoncent une présence.

Le pari que faisaient nos deux revues en lançant l’appel à texte conjoint était que les claviers de l’Ouest et de l’Est résonneraient aux mêmes rythmes et mobiliseraient les mêmes accents. À vous, lecteurs et lectrices, de découvrir si c’est bien le cas.

L’acte d’écrire consiste non pas à trouver un équilibre ou à tâter le terrain connu, mais plutôt à bousculer les forces qui s’entrechoquent et qui transpercent la paroi qui retient et qui protège l’ensemble. On est à nu. On écrit. Malgré la distance, on se lit et on se rencontre.

En alliant nos forces et nos réseaux, nous espérions provoquer des rencontres inusitées. Nous souhaitions surtout élargir la plateforme de dissémination pour que les bourrasques poussent les voix plus loin et que les images soient projetées de manière à recouvrir le firmament.

Avant de me replonger dans la lecture du numéro Entre ciel et mer, je tiens à remercier mes collègues du numéro, soit Marie-Diane Clarke pour la sélection des textes et Anne Brochu-Lambert pour le choix des œuvres visuelles. Merci aux auteurs, autrices et artistes de vous être prêtés à l’exercice.

Ce numéro est un hommage aux gens qui luttent et qui ne lâchent pas.

https://ancrages.ca/edition/no-26-entre-ciel-et-mer-rencontre-est-ouest/

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Printemps 2017

Un jour de grand vent (extrait) Un jour de grand vent (extrait)

Mardi le 10 mai ’66. De bonne heure le matin, au Restaurant Lafontaine à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean. L’accent du Lac est présent à différents degrés chez les personnages. Il affecte en particulier Monsieur Pit, un sympathique septuagénaire à la retraite. Jeannot Lafontaine, douze ans, est debout derrière le comptoir. Il porte son uniforme d’écolier  sous un tablier. Monsieur Pit est assis à son...

La Voie lactée La Voie lactée

Il était une fois,
au fin fond du Far West canadien,
dans une province au nom imprononçable,
une cavalière redoutable.

Le grand barrage

À défaut d'être aimé, Henri était respecté de tous les castors. Sa supériorité ne laissait aucun doute. On n'avait qu'à regarder son barrage pour comprendre qu'il était plus doué que les autres.

Knockout

L’aiguille de glace qui arracha Victor Florkowski à la vie ressemblait à un ivoire de mammouth. Elle était aussi large qu’un pneu, aussi longue que la victime, et se rétrécissait en une pointe cristalline —  à double tranchant — dont la beauté fatale resplendissait sous clair de lune.

Cantate pour légumes (Extrait)

Au cœur de ce texte sont quatre êtres qui ont perdu leur voix, la capacité d’exprimer leur volonté et leur angoisse. Ancrés dans leurs fauteuils roulants, Asperge, Gourde, Navet et Asperge rêvent d’évasion. Dans les solos de la cantate, les légumes expriment leurs désires les plus profonds.

Triptyque - Micro nouvelles Triptyque - Micro nouvelles

Au coin de l’avenue Idylwyld et la 23e un bip discontinu se fait entendre à ma gauche. Un clignotement sonore: on peut traverser.  Entre les deux lignes on peut traverser. “Passez, monsieur. Priorité aux piétons.” Oui, on peut traverser. On peut traverser si les autos s’arrêtent.

Entreciel

Sorties de l’entretoit des corniches des greniers de mille espaces connus d’elles seules oubliés par concierges et architectes, les hirondelles occupent dès le matin l’entreciel, la part élevée de Madrid, en rase-tête des habitants des terrasses jusqu’à la proximité des saints perchoirs, des croix des antennes, faisant fi de nos communications avec l’au-delà.

La mousse La mousse

Maman, pourquoi c’est mouillé ici? 

C’est la mousse, mon chéri. Fais attention à ne pas glisser.

De la supercherie De la supercherie

Cette réflexion est née d’un constat. La vie ne nous appartient pas. Elle nous a été léguée et nous la rendrons en même temps que notre dernier souffle.

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